Plan du site

USA: des condamnés à mort "invisibles"

dépêche de presse du 3 septembre 2010 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
L'un des plus célèbres condamnés à mort noirs américains, Mumia Abu-Jamal, estime "impressionnant de voir combien d'argent est dépensé par le gouvernement américain et à quel point nous sommes invisibles", dans un entretien avec Reporters sans frontières publié aujourd'hui.

Condamné à mort pour le meurtre en 1981 d'un policier blanc qu'il a toujours nié, Mumia Abu-Jamal, 55 ans, évoque dans cet entretien les derniers articles qu'il a écrits dans le couloir de la mort de Pennsylvanie (est) où il est enfermé depuis 28 ans.

"Aux Etats-Unis, les prisons sont vastes et le nombre de prisonniers est immense (...), personne n'est au courant, la plupart des gens ne s'y intéressent pas", explique-t-il. "Mes articles parlent de la réalité, ils ont tous essentiellement porté sur le couloir de la mort et la prison", poursuit le condamné, en ajoutant: "depuis un an et demi, il y a eu une série de suicides chez les condamnés à mort, j'ai donné des informations en exclusivité sur un suicide car c'est arrivé dans mon bloc, mais cela reste invisible".

Sa fonction de journaliste militant du mouvement révolutionnaire afro-américain Black Panthers a selon lui joué un rôle dans sa condamnation et les échecs successifs de ses appels. "Le fait que je continue d'écrire est sûrement quelque chose que les juges avaient en tête (pour) ne pas m'accorder de nouveau procès", estime-t-il. "Je crois qu'ils pensaient: 'tu es une grande gueule, tu n'auras pas de nouveau procès'".

En 2008, à l'issue d'une âpre bataille juridique, Mumia Abu-Jamal a obtenu la commutation de sa peine de mort en prison à vie pour des irrégularités de procédure. Mais l'Etat de Pennsylvanie a fait appel et, en janvier, la Cour suprême a ordonné à une cour d'appel de revoir cette commutation. Le condamné n'a jamais obtenu d'aucun tribunal que sa culpabilité soit remise en cause.
Partager…