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Nigeria: accusée d'adultère, Amina Lawal est acquittée

dépêche de presse du 25 septembre 2003 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Nigéria
Thèmes :
KATSINA (AFP) - La Cour d'appel islamique de Katsina, dans le nord du Nigeria, a acquitté jeudi Amina Lawal, condamnée à mort par lapidation, en première instance, pour adultère.
Mère de quatre enfants Amina Lawal avait été condamnée en mars à la peine de mort par lapidation par un tribunal islamique nigérian pour avoir eu un enfant hors mariage. Ses partisans l'ont accompagnée à Katsina, distante de 180 km de son village natal de Kurami, et l'ont mise au secret. Cette affaire, qui a provoqué peu d'émoi parmi la population majoritairement musulmane de cette ville du nord nigérian, a en revanche attiré l'attention de nombreux militants et défenseurs des droits de l'Homme au Nigeria et à l'étranger.


Les médias internationaux ont convergé dans ce pôle régional situé aux portes du Sahel, en même temps que des militants français et des manifestants nigérians en grève de la faim. Jusqu'à présent, Olusegun Obasanjole chef d'Etat chrétien n'a pas encore directement dénoncé la charia, par peur de mécontenter les quelque 63 millions de musulmans nigérians, soit la moitié de la population du pays le plus peuplé d'Afrique.

L'année dernière, Amina une villageoise timide avait été dénoncée aux autorités religieuses par des voisins après la naissance de sa fille, Wasila, plus de deux ans après avoir rompu avec son mari. Lors du procès en appel au mois d'août, l'avocat de la jeune femme avait axé sa plaidoirie sur les faits et la procédure pour tenter de démontrer que la condamnation était douteuse. Me Yawuri a affirmé que le tribunal qui a jugé Amina en première instance ne lui avait pas expliqué correctement son inculpation ni les conséquences de ses propos lors du procès. Il a aussi avancé que l'enfant avait été conçu avant l'entrée en vigueur de la charia dans l'Etat de Katsina et que la grossesse avait été le résultat d'un possible "embryon dormant" (phénomène reconnu par la loi islamique), fécondé alors qu'Amina était encore mariée.

Même au sein de la communauté musulmane, on dénonce l'application de la charia comme une injustice, visant les Nigérians pauvres et peu éduqués, comme Amina, plutôt qu'une élite souvent accusée de corruption.
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