Plan du site

Iran: les comités de soutien à Sakineh redoutent une exécution imminente

dépêche de presse du 2 novembre 2010 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Iran
PARIS — Plusieurs comités de soutien à Sakineh Mohammadi-Ashtiani, Iranienne condamnée à mort par lapidation dans son pays, se sont inquiétés mardi de sa possible exécution dès mercredi, au vu d'informations dénotant une accélération du calendrier judiciaire.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton s'est dite "très préoccupée" par ces "informations" et a demandé "à l'Iran d'arrêter cette exécution et de commuer la condamnation".

"Sakineh Mohammadi-Ashtiani serait menacée d'être exécutée demain mercredi 3 novembre", déclare dans un communiqué la revue française "La règle du jeu" du philosophe Bernard-Henri Lévy, très engagé dans sa défense.

"Une lettre de la Cour suprême de Téhéran a été envoyée à la branche d'application des peines à la prison de Tabriz (ouest) autorisant l'exécution rapide de Sakineh. Les exécutions capitales ayant lieu le mercredi, nous ne pouvons qu'être terriblement inquiets", poursuit le communiqué.

Sakineh Mohammadi-Ashtiani, mère de famille de 43 ans, a été condamnée à mort en 2006 pour adultère. Un jugement l'a condamnée à la pendaison pour son implication dans le meurtre de son mari et un autre à la lapidation pour d'autres charges d'adultère. La première condamnation avait été commuée en appel en une peine de dix ans de prison. Mais la condamnation à la lapidation a été confirmée en 2007 par la Cour suprême.

La crainte de l'imminence de la lapidation, dénoncée l'été dernier par le fils de Sakineh, Sajjad, 22 ans, avait déclenché une vaste campagne internationale pour éviter ce châtiment. L'exécution de la peine avait été suspendue par la justice iranienne.

Mardi, l'inquiétude a été ravivée par des informations récemment reçues de sources iraniennes par le Comité international contre la lapidation. A Berlin, Mina Ahadi, présidente et porte-parole de ce Comité, a donné l'alerte après avoir appris "il y a trois jours" qu'une lettre d'un tribunal avait été envoyée à la prison de Tabriz, où est détenue Mme Mohammadi-Ashtiani.

"Si la décision est prise, elle pourrait être exécutée mercredi", a déclaré Mme Ahadi à l'AFP.

A Paris, à l'appel de "La règle du jeu" et d'associations, quelques dizaines de personnes se sont rassemblées dans l'après-midi devant l'ambassade d'Iran pour exiger la libération de Sakineh et réclamer une pression internationale accrue sur le régime de Téhéran.

"Si cette femme est exécutée, c'est notre liberté à tous qui sera mise à mal", a affirmé Sihem Habchi, de l'association de défense des droits des femmes "Ni putes ni soumises", avant d'appeler "le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui ne l'a pas encore fait, à prendre position".

Tout juste arrivée de Londres où elle réside, Maryam Namazié, militante iranienne en exil et membre du Comité international contre la lapidation, a estimé qu'un relâchement de la mobilisation signerait l'arrêt de mort de Sakineh.

"Le gouvernement iranien doit être mis sous pression", a-t-elle martelé, évoquant une exécution par pendaison plutôt que par lapidation.

Pour Maryam Namazié, le pouvoir iranien "veut exécuter Sakineh" et choisit pour cela la pendaison, pensant que cela suscitera moins d'indignation que la lapidation. Téhéran mise, selon elle, sur un essoufflement de la mobilisation "depuis l'arrestation du fils de Sakineh et de son avocat".

Sajjad aurait été arrêté à la mi-octobre alors qu'il accordait un entretien à deux journalistes allemands, eux-mêmes interpellés et toujours en détention en Iran.
Partager…