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Singapour: un auteur anglais en prison

dépêche de presse du 27 mai 2011 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Singapour
Un auteur britannique de 76 ans, Alan Shadrake, condamné à six semaines de prison pour avoir publié un livre mettant en cause l'application de la peine de mort à Singapour, a vu son appel rejeté ce vendredi et doit entamer sa peine de prison mercredi.

M. Shadrake, condamné en novembre, avait interjeté appel de sa condamnation qui a été confirmée vendredi. L'auteur a cependant obtenu un délai pour subir un examen médical mais doit être incarcéré à partir de mercredi.

"Nous confirmons la sentence décidée par le juge", a jugé vendredi la cour d'appel.
"Je m'attendais à cette décision", a déclaré M. Shadrake. "Je suis navré pour Singapour, pas pour moi", a-t-il ajouté, en plaisantant avec des journalistes à l'extérieur du tribunal.

L'auteur avait qualifié "d'absurdes" les charges pesant contre lui au moment de l'appel.

L'auteur était poursuivi pour outrage à la cour, son livre critiquant le système judiciaire. Sa peine est la plus forte jamais prononcée pour un tel délit.

Son avocat, M. Ravi, avait estimé que l'ouvrage ne portait pas atteinte au système judiciaire. "Si le livre avait été considéré comme aussi dangereux...Il est étonnant qu'il n'ait pas été interdit", avait-il plaidé devant la Cour d'appel.

M. Shadrake, journaliste indépendant, qui partage sa vie entre la Malaisie et la Grande-Bretagne, avait été arrêté le 17 juillet par la police au lendemain de la présentation de son livre "Once a Jolly Hangman: Singapore Justice in the Dock" ("Il était une fois un joyeux bourreau: la justice singapourienne sur le banc des accusés").

Son livre brosse le portrait d'un bourreau retraité de la prison de Changi, Darshan Singh, qui a exécuté, selon l'auteur, un millier de condamnés singapouriens ou étrangers en un demi-siècle.

Shadrake y met en question l'impartialité et l'indépendance de la justice dans l'application de la peine capitale.

L'association de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW) qui avait fermement condamné la condamnation de M. Shadrake, avait indiqué avant l'audience d'appel le 11 avril que "la décision d'appel pourrait avoir des implications importantes concernant la liberté d'expression à Singapour".

Selon Amnesty, Singapour a exécuté 420 personnes entre 1991 et 2004, l'un des ratios les plus élevés au monde au regard de sa population de cinq millions d'habitants.

La peine de mort y est prononcée pour quiconque est arrêté en possession de plus de 15 grammes d'héroïne, 30 gr de cocaïne ou 500 gr de cannabis.
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