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"Toute ma vie en prison", un film militant contre la peine de mort

dépêche de presse du 20 novembre 2011 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
PARIS, 20 nov 2011 (AFP) - Mumia Abu-Jamal, un des plus célèbres condamnés à mort américains, a été arrêté le jour de la naissance de William Francome, il y a 30 ans: un hasard qui entraîne cet acteur et scénariste sur la piste du membre des Black Panthers dans un film militant, "Toute ma vie en prison".

Mercredi dans les salles françaises, ce documentaire réalisé et coécrit par Marc Evans a été produit en 2008 et primé aux festivals du film des Droits de l'homme de Paris et de Genève et au Festival du cinéma noir de Berlin.

Mumia Abu-Jamal, militant actif de la cause des Noirs et journaliste, est considéré par le FBI comme personne "à surveiller et à incarcérer en cas d'alerte nationale".
Taxi de nuit, il est présent sur la scène du meurtre d'un policier, Daniel Faulkner, le 9 décembre 1981. Blessé, il est accusé du meurtre et clame son innocence, mais en vain. Pression sur les témoins, manipulation d'un jury majoritairement blanc (dans une ville presque à moitié noire) par un juge qui affirme: "Je vais les aider à griller ce nègre"... La police néglige les autres meurtriers potentiels.

Depuis, Abu-Jamal attend dans le couloir de la mort. "Je ne sais quelle est sa stratégie de survie", dit Marc Evans à l'AFP. Abu-Jamal a écrit cinq livres, une rue porte son nom près du Stade de France, à Saint-Denis, et plusieurs villes, dont Paris, l'ont fait citoyen d'honneur.

Un nouveau procès lui a été refusé, mais sa peine vient d'être commuée en prison à vie, sans possibilité de remise de peine, et il devrait quitter prochainement le couloir de la mort. "C'est un peu déprimant, dit Evans, que sa sentence soit réduite à une peine de prison à vie, et que personne ne se soucie plus de savoir s'il est vraiment coupable ou s'il est innocent".

William Francome, coscénariste et protagoniste du film, qui se dit "très hostile à la peine de mort", a repris l'enquête, accumulé les preuves, pour mobiliser l'opinion publique. "Factuellement correct", le film a adopté le point de vue sur l'affaire défendu par Amnesty International. "C'est une référence", indique Mark Evans. "Cela montre que les faits ont été vérifiés par Amnesty, qui a aussi une expertise légale".

L'objectif initial était d'aider Abu-Jamal à obtenir un nouveau procès - mais la justice a définitivement tranché. "Ce n'est pas une raison pour ne plus se battre", dit William Francome.

C'est aussi un film sur le Philadelphie des années 80, "connu pour la brutalité de sa police". Un film aussi sur le Philadelphie d'aujourd'hui, une ville où "justice, police, mairie partagent le même immeuble", relève Evans. Avec les témoignages de grandes figures de l'époque, comme Angela Davis ou le philosophe Noam Chomsky, c'est surtout un film qui rappelle tout un pan de l'histoire sociale et politique récente des États-Unis, une histoire toujours vivace.

Un film peut-il changer quelque chose au sort d'Abu-Jamal ? Clairement non, disent Evans et Francome. "Nous n'avons pas fait un film pour prouver l'innocence de Mumia Abu-Jamal, mais un film plus large que cela", pour "contribuer au débat contre la peine de mort". Abu-Jamal "peut contribuer à faire la différence, il peut aider à augmenter peu à peu le niveau de conscience".
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