Plan du site

Gambie: l'Union africaine demande au président Jammeh de renoncer aux exécutions

dépêche de presse du 24 août 2012 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Gambie
Le chef de l'Etat béninois Thomas Yayi Boni, président en exercice de l'Union africaine (UA), a demandé à son homologue gambien Yahya Jammeh de renoncer à exécuter les condamnés à mort en Gambie, a annoncé jeudi le chef de la diplomatie béninoise qu'il a dépêché à Banjul.

"Après avoir appris l'annonce faite de l'exécution prochaine d'un certain nombre de condamnés à mort" en Gambie, "le président Yayi, très préoccupé, a souhaité que le président Yahya Jammeh veuille surseoir à la mise en oeuvre d'une telle décision", a déclaré le ministre Nassirou Bako Arifari à Radio France Internationale (RFI).

Selon le correspondant de l'AFP en Gambie, M. Bako Arifari a effectué mercredi une visite-éclair à Banjul, où il s'est entretenu à huis clos avec le président Jammeh.

A sa sortie d'audience, l'émissaire béninois a simplement déclaré à la presse lui avoir remis un message spécial et avoir échangé avec lui sur des questions relatives à la paix en Guinée-Bissau et au Mali, deux pays récemment secoués par des coups d'Etat. Nassirou Bako Arifari n'a pas mentionné l'exécution des condamnés à mort en Gambie programmée, selon Yahya Jammeh, pour septembre.

Dans un message à la Nation le 20 août à la Nation à l'occasion de la fête de l'Aïd el-Fitr, marquant la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, M. Jammeh avait annoncé ces exécutions, sans préciser de dates et le nombre de personnes concernées.

D'après un décompte de l'AFP, depuis juillet 2010, 47 personnes au total ont été condamnées à mort dans le pays.

Thomas Yayi Boni et l'UA défendent les "valeurs de promotion de l'Etat de droit et de la démocratie, et donc de la défense des droits de l'Homme sur l'ensemble du continent africain", a déclaré Nassirou Bako Arifari à RFI.

"Lorsqu'il y a des situations relativement préoccupantes et qui touchent à l'une de ces valeurs, le Pr Yayi Boni considère qu'il est de son devoir de prendre des initiatives pour essayer de rappeler un certain nombre d'engagements collectifs (...) en rapport avec la défense de ces valeurs", a-t-il ajouté.

Aucune indication n'a pu être obtenue jeudi sur la suite donnée par Yahya Jammeh à la requête de son homologue béninois.

Dans un communiqué conjoint jeudi, la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH), la Rencontre africaine des droits de l'Homme (Raddho) et la section sénégalaise d'Amnesty International, trois ONG basées à Dakar, appellent à une "grande mobilisation tendant à contraindre" M. Jammeh d'abandonner "son projet funeste d'exécutions en septembre".

Sont concernées "47 personnes condamnées à mort en Gambie, dont une femme, onze prisonniers politiques, huit malades mentaux" gambiens, mais aussi des étrangers dont "trois Sénégalais, un Bissau-Guinéen, deux Nigérians", selon ces ONG.

"De telles exécutions, si elles se concrétisaient, seraient assimilées à des exécutions sommaires et extra-judiciaires" car "le système judiciaire gambien n'offre pas aujourd'hui les conditions de procès justes et équitables", déclarent-elles.

Le 21 août, la France avait exhorté la Gambie "à ne pas procéder à l'exécution de ces condamnés à mort" et à "commuer toutes les condamnations à la peine de mort en peines de détention".

Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 18 ans, dirige son pays d'une main de fer. Son régime est régulièrement critiqué par des défenseurs des droits de l'Homme pour des violations des libertés.
Partager…