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Nouveaux heurts au Bangladesh lors de la grève générale des islamistes

dépêche de presse du 4 mars 2013 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Bangladesh
DACCA - De nouveaux heurts meurtriers se sont produits lundi au Bangladesh, paralysé par une grève générale décrétée après la condamnation à mort d'un dirigeant islamiste qui a provoqué la semaine dernière les pires violences politiques depuis l'indépendance en 1971.

Les heurts consécutifs à la condamnation à mort de cette figure de l'opposition convaincue de crimes lors de la guerre d'indépendance ont fait 64 morts depuis depuis jeudi, selon le dernier bilan fourni par les autorités.

A Dacca, les manifestants ont jeté un cocktail Molotov près de l'hôtel où séjourne le président indien Pranab Mukherjee, en visite officielle. L'incident n'a pas fait de blessés.

Delwar Hossain Sayedee, vice-président du Jamaat, le plus grand parti islamiste du Bangladesh, a été condamné à la peine capitale par le controversé Tribunal international des crimes (ICT) pour huit chefs d'accusation.

Il a notamment été reconnu coupable de meurtre, viol et de conversion forcée d'hindous à l'Islam au cours de la guerre sanglante de 1971 entre le Bangladesh et le Pakistan dont le premier n'était alors qu'une province connue sous le nom de Pakistan oriental.

Depuis le premier verdict de l'ICT, le 21 janvier, les violences ont fait 80 morts, les troubles politiques les plus meurtriers depuis l'indépendance.

Les violences ont fait trois nouvelles victimes lundi.

Des paramilitaires à Kolaroa (sud) ont abattu deux personnes lorsqu'une foule de 1.000 manifestants les ont attaqués à coups de bâtons et de briques, a déclaré à l'AFP un responsable du gouvernorat local.

Dans le nord-ouest, à Ullapara, un manifestant a succombé à une blessure par balles après que la police eut ouvert le feu sur des centaines de manifestants islamistes.

La Jamaat a décrété à partir de dimanche une grève générale de deux jours qui paralyse une grande partie du pays.

Echoppes, écoles et administrations sont fermées. Le principal axe routier entre la capitale Dacca et la deuxième ville du pays, Chittagong, était quasiment désert lundi.

Les autorités ont déployé d'importantes forces armées (policiers et soldats) dans tout le pays, en particulier à Dacca où 10.000 policiers et forces d'élite étaient mobilisés.

Les islamistes ont bloqué une autoroute menant à la région touristique de Cox's Bazaar où des centaines de vacanciers, dont des étrangers, étaient pris au piège lundi.

Le gouvernement a interdit les manifestations et les attroupements dans au moins quatre villes du nord afin d'endiguer la violence.

Le Tribunal international des crimes du Bangladesh, qui malgré son nom n'est placé sous la supervision d'aucune institution internationale, est accusé par l'opposition d'avoir été mis en place par le pouvoir pour des motifs politiques.

Le gouvernement affirme de son côté que ces procès sont nécessaires pour cicatriser les plaies de la guerre d'indépendance.

Début février, le tribunal avait condamné à la prison à perpétuité Abdul Quader Molla, le numéro quatre de ce parti islamiste, une décision qui avait provoqué des heurts et fait 16 morts. Le verdict avait également indigné une autre partie de la population, qui, elle, réclamait la peine de mort.

En janvier, un télé-évangéliste islamiste avait été condamné à la peine capitale pour meurtre et génocide.

Un groupe d'enquête privé a identifié 1.175 personnes --parmi lesquelles des généraux pakistanais et des islamistes alliés d'Islamabad à l'époque-- soupçonnées d'avoir commis divers crimes lors de la guerre de 1971 qui a fait des centaines de milliers de morts.
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