Plan du site

Etats-Unis: Le Maryland va abolir la peine de mort

dépêche de presse du 6 mars 2013 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Maryland
Thème :
Aucun condamné n'a été exécuté dans le Maryland depuis 2005, et aucun ne le sera sans doute plus jamais: cet Etat devrait devenir dans quelques jours le 18e des Etats-Unis à abolir la peine de mort.

Une proposition de loi du gouverneur Martin O'Malley en faveur de sa suppression a été votée mercredi par le Sénat de l'Etat. Son approbation par la Chambre des représentants devrait être une formalité dans la mesure où les démocrates, qui y sont favorables, sont largement majoritaires. «Combattons le crime avec des stratégies qui fonctionnent et arrêtons ces pratiques chères, inefficaces et injustes», s'est félicité sur Twitter Martin O'Malley, quelques minutes après le vote.

La peine capitale était en vigueur dans cet Etat de la côte est depuis 1638, alors qu'il était encore une colonie britannique. Pour Kirk Bloodsworth, de l'association Witness to Innocence, cette abolition prend une résonnance tout particulière. En 1993, il fut le premier condamné à mort américain innocenté par des tests ADN. Dans le Maryland.

«Je ne trouve pas les mots pour exprimer mon émotion», a-t-il déclaré à l'AFP, après avoir manifesté devant le Sénat du Maryland lors du vote. «La lutte pour l'abolition dans cet Etat en particulier est évidemment très importante pour moi.» En 1984, à 23 ans, il était devenu «l'homme le plus haï du Maryland», accusé du viol et du meurtre accompagné de cruautés d'une fillette de 9 ans.

«J'ai passé neuf ans en prison avec certains des cinq condamnés. Je ne peux même pas imaginer ce qu'ils ressentent, nous attendons ça depuis si longtemps.» Après des dizaines d'années passées dans le couloir de la mort, les cinq derniers condamnés devraient selon toute vraisemblance échapper à leur exécution.

Vernon Evans, 63 ans, l'attend depuis 29 ans. En 1983, pour 9.000 dollars (environ 7.000 euros), il avait assassiné deux employés d'un motel, dont l'un s'apprêtait à témoigner à charge lors du procès d'un dealer de drogue, Anthony Grandison, qui lui aussi se trouve dans le couloir de la mort pour avoir commandité le double meurtre. Les cinq hommes sont détenus dans une prison de haute sécurité près de Cumberland. C'est un des rares centres de détention des Etats-Unis où les prisonniers condamnés à mort, bien qu'incarcérés dans des cellules individuelles, vivent avec les autres détenus.

«Le texte de loi concernera seulement les affaires futures, et n'agira pas de façon rétroactive sur les cinq hommes dans le couloir de la mort», explique Emma Weisfeld-Adams, de l'organisation Equal Justice USA, soulignant que leur sort est désormais entre les mains du gouverneur Martin O'Malley. Ce dernier avait affirmé lors d'une séance au parlement qu'il «jugerait au cas par cas».

«Puisqu'il est à l'origine de la proposition de loi, les chances sont grandes pour qu'il annule définitivement l'exécution des cinq condamnés avec une commutation de leur peine en réclusion à perpétuité», a précisé Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine capitale (DPIC). En 2011, lors de la signature de l'abolition de la peine de mort dans l'Illinois, le gouverneur démocrate Pat Quinn avait commué en peines de prison à vie l'ensemble des quinze condamnations à mort que comptait son Etat.

Pour Emma Weisfeld-Adams, le projet de loi du Maryland fait partie d'un «élan bien plus large de rejet de la peine de mort» aux Etats-Unis. «Seize Etats au total ont examiné des lois relatives à l'abolition de la peine capitale depuis 2011. Le Maryland est le sixième Etat en six ans à supprimer la peine de mort.»

Selon un récent sondage du Washington Post, 60% des habitants du Maryland sont pourtant en faveur de la peine de mort, contre seulement 38% favorables à l'abolition. Le vote des sénateurs du Maryland a coïncidé, à quelques heures près, avec l'exécution dans l'Ohio (nord) d'un quadragénaire américain condamné pour meurtre qui avait passé 17 années dans le couloir de la mort.
Partager…