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Bangladesh: un Américain et un Britannique condamnés à mort pour crimes de guerre

dépêche de presse du 3 novembre 2013 - Agence Télégraphique Suisse - ATS
Un tribunal d'exception du Bangladesh a condamné à mort par contumace dimanche un Britannique et un Américain pour leur rôle dans le meurtre d'intellectuels lors de la lutte pour l'indépendance du pays menée contre le Pakistan en 1971.

Neuf personnes ont été condamnées depuis janvier par le "Tribunal international des crimes" du Bangladesh (ICT), une juridiction controversée mise en place en 2010 par le gouvernement.

Lors de l'intervention de l'Inde à la fin du conflit de 1971, marquant la défaite imminente du Pakistan, les milices pro-Islamabad ont massacré des dizaines d'enseignants, de réalisateurs, de médecins et de journalistes.

Citoyen britannique, Chowdhury Mueen-Uddin a fui le Bangladesh après la guerre et occupé des postes importants dans plusieurs organisations islamiques en Grande-Bretagne, participant à la création du Conseil musulman de son pays d'adoption.

Cet ancien journaliste basé à Londres travaillait dans un quotidien au Bangladesh lorsque son pays, qui n'était alors qu'une province nommée Pakistan oriental, s'est séparé du Pakistan occidental, l'actuel Pakistan.

Il est accusé d'avoir été un important membre actif de la milice islamiste pro-pakistanaise Al-Badr et du parti islamiste radical Jamaat-e-Islami, qui luttaient pour que leur province reste dans le giron du Pakistan.

Ashrafuzzaman Khan, citoyen américain, était un leader étudiant de l'université de Dacca et vivrait aujourd'hui à New York. La justice bangladaise l'accuse d'avoir été "l'exécuteur en chef" de la milice Al-Badr.

"Ils ont encouragé, ils ont apporté leur soutien moral et ils ont participé au meurtre de 18 intellectuels", a estimé le juge Mojibur Rahman Mia en annonçant le verdict.

Un groupe d'enquête privé a identifié 1175 personnes - parmi lesquelles des généraux pakistanais et des islamistes alliés d'Islamabad à l'époque - soupçonnées d'avoir commis divers crimes lors de la guerre de 1971, tels que des meurtres, viols et conversions forcées d'hindous à l'islam.

Mais certains accusent le pouvoir d'avoir mis en place le tribunal d'exception pour des motifs politiques, la plupart des personnes jugées pour des exactions commises voici plus de quarante ans appartenant à l'opposition. Le gouvernement affirme de son côté que ces procès sont nécessaires pour cicatriser les plaies encore vivaces de la guerre d'indépendance.

Depuis le premier verdict le 21 janvier, 150 personnes ont trouvé la mort lors de heurts entre forces de l'ordre et membres du Jamaat-e-Islami. Selon le gouvernement, la guerre de 1971 a fait trois millions de morts. Des chiffres d'instances indépendantes estiment que le bilan s'élève à entre 300'000 et 500'000 morts.
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