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L'ancien président Moussa Traoré et son épouse condamnés à mort

dépêche de presse du 12 janvier 1999 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Mali
Moussa Traoré
BAMAKO - L'ancien président malien Moussa Traoré et son épouse Mariam ont été condamnés à mort mardi par la Cour d'assises de Bamako à l'issue d'un procès pour "crimes économiques" intenté par l'Etat malien, qui avait commencé le 12 octobre.

Un autre accusé, Abraham Douah Cissoko, beau-frère du président et ex-directeur des Douanes, a également été condamné à la peine capitale, alors que deux autres, Tiéna Coulibaly, ex-ministre des Finances, et Moussa Koné, ancien représentant à Paris de la Banque de Développement du Mali (BDM), ont été acquittés par la Cour.

Celle-ci a également condamné l'ex-couple présidentiel à payer à l'Etat malien une amende de 200 millions de francs CFA (2 millions FF) et des dommages et intérêts de 100 millions F CFA (1 million FF).

Les trois condamnés à mort ont été reconnus coupables "d'atteinte aux biens publics, d'enrichissement illicite et de complicité d'enrichissement illicite", selon le verdict rendu par la Cour.

Les juges n'ont finalement retenu contre le couple présidentiel qu'un détournement de 300 millions F CFA (3 millions FF), alors qu'il était au départ accusé de s'être illicitement approprié 2 milliards de F CFA (20 millions FF), qui auraient servi notamment à l'achat de deux fermes de 400 hectares.

Le verdict de la Cour a été rendu en l'absence des vingt avocats de la défense qui s'étaient retirés du procès en décembre dernier, dénonçant une "parodie de justice".

"Nous avons bien fait de quitter le procès", a déclaré mardi soir un de ces avocats, Me Mamadou Gakoun, affirmant que "le verdict était déjà préparé pour ce procès de la honte".

Quant à l'avocat général, Cheikhna Wagué, il a regretté "la mauvaise méthodologie" d'une partie de l'instruction qui, selon lui, n'a pas permis de prouver notamment que les bijoux de Mme Traoré ou ses transferts bancaires à l'étranger sont "le produit d'une activité délictuelle".

Au pouvoir pendant 23 ans et emprisonné depuis son renversement en 1991 par un coup d'Etat militaire qui a mené le Mali à la démocratie, Moussa Traoré avait déjà été condamné à mort en février 1993 dans un autre procès pour "crimes de sang".

Mais l'actuel président, Alpha Omar Konaré, hostile à la peine de mort, avait commué en 1997 cette condamnation en peine de prison à perpétuité.

La même décision risque d'être prise pour les peines capitales prononcées mardi par la Cour d'Assises de Bamako à l'issue d'un long procès qui a connu de nombreuses suspensions.

Dans sa plaidoirie, la partie civile avait affirmé lundi que les faits reprochés aux prévenus sont "avérés" et avait dénoncé la volonté des accusés de "prendre le procès en otage".

Le général Sékou Ly, ex-ministre de l'Administration territoriale qui avait été aussi condamné à mort dans le procès pour "crimes de sang", sera jugé à une date ultérieure. Son nom avait été cité parmi les accusés au début du procès.

En dépit de son caractère "économique", le procès, qui était présidé par un conseiller à la Cour Suprême du Mali, le juge Illo Cissoko, s'est déroulé dans un contexte politique tendu marqué ces deux dernières années par des élections législatives et présidentielles dont les résultats n'ont pas été reconnus par l'opposition radicale.

Le Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR), l'un des principaux partis de l'opposition qui se réclame de l'ancien dictateur déchu, avait demandé, depuis le début, un procès qui aille "dans le sens de la réconciliation nationale".
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