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Première éxécution d'un condamné à mort depuis la chute des talibans

dépêche de presse du 27 avril 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Afghanistan
Un détenu afghan condamné à mort a été éxécuté, pour la première fois en Afghanistan depuis la chute des talibans, a annoncé mardi l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International.

Abdullah Shah, un commandant militaire de Paghman, dans la périphérie nord-ouest de Kaboul, a été éxécuté "aux environs du 19 avril", indique un communiqué d'Amnesty International.

L'information a été confirmée par un membre de la Commission indépendante afghane des droits de l'homme, Nader Naderi.

"Les circonstances exactes de cette éxécution, notamment le lieu et la méthode employée, ne sont pas encore connues, la Commission tente actuellement d'établir les faits", a déclaré à l'AFP M. Naderi.

Abdullah Shah avait été condamné en première instance en juillet 2002 par la justice afghane pour le meurtre d'une de ses femmes, de deux de ses enfants et de deux villageois de Paghman, commis entre 1992 et 1995, selon M. Naderi.

Selon la constitution afghane (chapitre 7, article 14), le président Hamid Karzaï décide en dernier recours de l'application de la peine capitale. Le porte-parole de la présidence, Jawed Luddin, n'était pas disponible mardi pour commenter ces informations.

La Commission indépendante afghane des droits de l'homme "était totalement opposée à cette éxécution et a tenté de l'empêcher, mais sans succès", a déploré M. Naderi, estimant "qu'Abdullah Shah n'a pas eu de procès équitable, la décision de le condamner à mort a été prise trop rapidement".

"Il était soupçonné de nombreux autres crimes, notamment d'avoir tué 16 personnes, brûlées vives dans leur camion à un barrage routier, d'avoir kidnappé, violé puis tué plusieurs femmes", a-t-il expliqué.

"Tous ces crimes commis par Abdullah Shah pendant la guerre civile (1992-1996) pouvaient être qualifiés de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Ces faits d'une extrême gravité relevaient de la justice internationale, et non de la justice afghane", a déclaré M. Naderi.

Amnesty international a écrit au président Karzaï en septembre 2003, après avoir constaté des irrégularités dans le procès d'Abdullah Shah, rappelle de son côté l'organisation de défense des droits de l'Homme.

L'accusé n'a pas bénéficié des droits de la défense à tous les stades de la procédure et d'un procès public, comme l'exigent les standards internationaux. Il a été condamné à mort "sous la pression de la Cour suprême", affirme le communiqué d'Amnesty.

"Abdullah Shah a déclaré avoir été victime de mauvais traitements pendant sa détention pour le forcer à signer une fausse confession. Ces affirmations n'ont donné lieu à aucune enquête", regrette également Amnesty, qui souligne que la Commission des droits de l'homme de l'ONU avait demandé en 2003 au gouvernement afghan "de déclarer un moratoire sur la peine capitale du fait des faiblesses du système judiciaire afghan".
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