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Pakistan: le procès d'Asia Bibi pour blasphème sous haute sécurité

dépêche de presse du 13 octobre 2016 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Pakistan
Thèmes :
Des centaines de policiers ont été déployés jeudi à Islamabad, où la Cour suprême pakistanaise doit entendre le procès en appel de la mère de famille chrétienne Asia Bibi, condamnée à la peine de mort en première instance pour blasphème.

Les avocats d'Asia Bibi, qui est dans le couloir de la mort depuis 2010, vont demander l'annulation de sa peine de mort. Le verdict aura selon les observateurs des conséquences "énormes" pour les minorités dans la république islamique conservatrice.
"Je me suis préparé, nous avons beaucoup d'espoir", a déclaré l'avocat de Mme Bibi, Saif-ul-Mulook, à l'AFP.

Une centaine de policiers, dont nombre en tenue anti-émeutes, étaient déployés devant la Cour suprême à Islamabad, lorsque le mari et l'avocat d'Asia Bibi sont arrivés en début de matinée. De nombreux autres membres des forces de sécurité sont en faction à travers la capitale.

"La sécurité est très élevée dans tout Islamabad aujourd'hui. Des troupes supplémentaires ont été envoyées aux points de contrôle et aux carrefours de la ville", a indiqué une source policière à l'AFP.

Le blasphème est une question très sensible au Pakistan, où de simples accusations peuvent déclencher des lynchages.
Asia Bibi a été jugée après une dispute avec une musulmane au sujet d'un verre d'eau. Elle clame son innocence et ses défenseurs soulignent que toute l'affaire est née d'un différend personnel.

En six années de bataille judiciaire, son cas est devenu emblématique des dérives de la législation réprimant le blasphème au Pakistan, souvent instrumentalisée, selon ses détracteurs, pour régler des conflits personnels via la diffusion de fausses accusations. La minorité chrétienne en fait particulièrement les frais.

Après le rejet de plusieurs recours, si les trois juges appelés à trancher jeudi à la Cour Suprême confirment la peine de mort, le dernier espoir de Mme Bibi serait un recours en grâce auprès du président.
Il est rare que les tribunaux se montrent cléments dans les cas de blasphème, mais aucun condamné pour blasphème n'a jusqu'ici été légalement exécuté. Les répercussions de cette décision sont donc "énormes" pour les minorités, les droits de l'Homme et la loi contestée sur le blasphème, souligne Shahzad Akbar, avocat spécialiste des droits de l'Homme.

En cas d'annulation de la condamnation, il se peut que des violences éclatent, certains groupes ayant désigné ce cas comme une lutte pour "l'âme" du Pakistan, alors que l'Etat se retrouve pris entre le respect des droits de l'Homme et la pression des groupes extrémistes.
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