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Décès de Thierry Lévy, célèbre avocat pénaliste

dépêche de presse du 30 janvier 2017 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / France
Thèmes :
Roger Bontems Claude Buffet
L'avocat Thierry Lévy, ancien président de l'Observatoire international des prisons (OIP), est décédé lundi à Paris à l'âge de 72 ans, a-t-on appris auprès de son cabinet.

Pénaliste intransigeant, il est en 1972 commis d'office pour assister Claude Buffet. Avec Roger Bontems, défendu par Robert Badinter, son client est accusé d'avoir assassiné deux otages à la prison de Clairvaux.

Les deux hommes sont condamnés à mort et exécutés le 28 novembre 1972. Thierry Lévy racontera au Figaro que ce matin-là, "seuls les suppliciés avaient le visage digne d'êtres humains. Nous autres avions tous des gueules d'assassins".

La peine de mort est abolie quelques années plus tard par François Mitterrand, après une bataille acharnée de Robert Badinter.

En 1999, il plaide pour des évadés de Clairvaux, dans une autre affaire de "belle" mortelle. Faisant du procès celui des très longues peines de prison, il arrache des condamnations moins lourdes que les réquisitions.

Plus tard, il défend aussi Patrick Henry, détenu depuis près de 40 ans pour le meurtre d'un enfant, après avoir symbolisé le combat pour l'abolition de la peine capitale.

Thierry Lévy, président de la section française de l'Observatoire international des prisons entre 2000 et 2004, a consacré une partie de sa vie et de ses nombreux écrits à ce qui était, pour lui, le combat d'après: l'abolition de la prison.

"La prison est une peine qui n'est pas comprise par ceux qui la subissent, qui ne peut pas l'être. C'est une injustice qui s'ajoute aux injustices déjà accumulées lors de vies qui sont dès l'origine en difficulté", disait-il à l'AFP lors d'un entretien à l'été 2016.

Thierry Lévy a aussi assisté, entre autres: l'assassin de René Bousquet - avec un certain Arnaud Montebourg -; le braqueur devenu écrivain Roger Knobelspiess; la juge Eva Joly, en conflit avec l'Ordre des avocats.

Ces dernières années, l'avocat au visage émacié s'était trouvé un autre combat désespéré: contester la place toujours plus grande accordée aux victimes dans l'action judiciaire.

"L'institution judiciaire s'est trouvée un nouveau maître, plus aveugle, plus menaçant encore que l'État autoritaire. Le plaignant aux mille récriminations, idolâtré, transfiguré en sainte victime", pèse toujours plus lourd face à des prévenus ou accusés souvent condamnés d'avance, écrivait-il dans "Eloge de la barbarie judiciaire" (2004).
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