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La peine de mort pour Saddam Hussein, nouveau sujet de division entre Européens et Américains

dépêche de presse du 1 juillet 2004 - Associated Press - AP
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PARIS - Saddam Hussein doit-il être condamné à mort ? La question oppose clairement Américains et Européens, sans pour autant soulever le spectre d'un nouveau désaccord transatlantique. L'Union européenne compte bien rappeler sa ferme opposition à la peine capitale mais risque de détourner pudiquement les yeux pour ne pas en faire un sujet de discorde.

Le gouvernement intérimaire irakien, auquel la défunte coalition a transféré mercredi la garde juridique de Saddam Hussein, a fait savoir que le Tribunal spécial irakien qui sera chargé de juger l'ancien dictateur pourrait prononcer la peine capitale.

Les Etats-Unis, où la peine capitale n'est pas abolie dans la majorité des Etats, ne risquent pas de s'offusquer de l'éventuelle condamnation à mort du chef d'un régime dont Washington ne cesse de rappeler qu'il est responsable de la mort d'au moins 300.000 Irakiens.

Mais l'Union européenne, dont les 25 pays membres ont aboli la peine de mort, y est opposée quelle que soit la nature du crime, y compris donc en cas de génocide ou crime contre l'humanité. Toutefois, la question de la peine capitale «ne nous empêchera en aucun cas de chercher à normaliser nos relations politiques avec l'Irak», reconnaît Emma Udwin, porte-parole chargée des relations extérieures à la commission européenne.

»Nous avons clairement fait comprendre au gouvernement intérimaire notre position sur la peine de mort», explique un porte-parole du Premier ministre britannique Tony Blair, principal allié de George W. Bush dans la guerre en Irak. «Néanmoins, l'Irak possède un gouvernement souverain et nous devons le respecter».

A Paris, le ministère français des Affaires étrangères rappelait mercredi l'opposition de la France à l'application de la peine de mort «en toutes circonstances». Il appartient au peuple irakien de juger Saddam Hussein «dans un procès qui doit obéir aux grands principes du droit international», ajoutait le Quai d'Orsay.

Guillaume Parmentier de l'Institut français des relations internationales (IFRI) «croit que les protestations des Européens seront raisonnablement mesurées si Saddam Hussein est condamné à mort. Cet homme a tué des milliers de gens. Je ne crois pas que cela devienne un gros sujet entre les Etats-Unis et l'Europe».
Saddam Hussein risque d'être inculpé de crimes contre l'humanité, notamment pour le massacre de civils à l'arme chimique au Kurdistan en 1988 et dans le sud de l'Irak en 1991, ainsi dans le cadre de la guerre Iran-Irak de 1980-1988 et l'invasion du Koweït en 1990.

La population irakienne apparaît majoritairement favorable quant à elle à une condamnation à mort de l'ancien «raïs»: 61% des Irakiens pensent que Saddam Hussein doit être condamné à mort s'il est reconnu coupable, contre environ 20% qui se prononcent pour la prison à vie, selon un sondage Gallup réalisé il y a trois mois auprès de 3.444 personnes, interrogées par le Centre de recherches panarabe de Dubaï.
(par Pamela Sampson)
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