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Manifestation contre la peine capitale devant le Parlement libanais

dépêche de presse du 16 janvier 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Liban
Nayla RAZZOUK

BEYROUTH - Plusieurs dizaines d'intellectuels et d'activistes d'associations de droits de l'Homme hostiles à la peine de mort se sont rassemblés vendredi devant le Parlement, dans le centre-ville de Beyrouth, pour protester contre l'exécution prévue samedi de trois meurtriers.

"Non à la peine de mort !", "L'adage +oeil pour oeil, dent pour dent+ nous a laissés aveugles et édentés", pouvait-on lire sur des pancartes brandies par les manifestants qui portaient des drapeaux noirs frappés d'une bougie entourée d'une chaîne et scandaient : "Les criminels de guerre mettent le peuple à mort".

Dépêchés à bord de camions, des soldats libanais, stationnés à l'entrée des rues menant à la place de l'Etoile, siège du Parlement, empêchaient des manifestants de rejoindre le rassemblement, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les manifestants, souvent vêtus de noir, se sont ensuite rendus sur une place voisine, où plusieurs d'entre eux ont simulé la mort en s'étendant par terre.

"Il est inadmissible d'appliquer la peine de mort dans un pays qui sort de 15 ans de guerre (1975-1990) et qui a surtout besoin de tolérance", a indiqué à l'AFP Nizar Saghiyé, un dirigeant de l'association Dignité humaine, qui regroupe quatre ONG libanaises.

"C'est une généralisation de la culture de la violence et une tentative du pouvoir corrompu de redorer son blason. Nous refusons que ces exécutions soient menées au nom du peuple libanais", s'indigne Nada Adhami, membre d'un groupe d'avocats qui mène une campagne pour la réforme du Code pénal.

"Le fait que ces exécutions se fassent sur la base de l'équilibre confessionnel, que nous refusons dans la distribution des charges publiques, est encore plus honteux et plus humiliant", ajoute-t-elle en se référant au fait que les détenus qui doivent être exécutés sont un chrétien, un musulman chiite et un musulman sunnite.

Le député Ghassan Moukheiber, membre de la "campagne nationale pour l'annulation de la peine capitale", qui regroupe 85 associations et partis libanais, a annoncé un "sit-in silencieux symbolique dès ce soir et jusqu'à l'aube" devant la prison centrale de Roumiyé, dans la montagne à l'est de Beyrouth, où doivent se dérouler à l'aube les exécutions, "en signe de deuil envers les victimes des meurtriers et les victimes du crime de l'exécution".

Ces exécutions seront les premières au Liban depuis 1998.

L'Union européenne a invité jeudi le président libanais Emile Lahoud à "revenir" sur cette décision, et Paris a jugé vendredi que leur reprise était "contraire à l'esprit de l'accord d'association signé entre l'Union européenne et le Liban en juin 2002".

Amnesty International a appelé M. Lahoud à "commuer les peines de mort prononcées contre ces trois hommes et contre 24 autres".
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