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Pakistan. Acquittement de chrétiens condamnés à mort pour blasphème contre le Coran

dépêche de presse du 3 juin 2021 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Pakistan
(Lahore) Un tribunal pakistanais a prononcé jeudi l'acquittement et ordonné la mise en liberté d'un couple de chrétiens, condamné en 2014 à la peine capitale pour blasphème, une affaire qui avait provoqué les vives critiques du Parlement européen.

Shafqat Emmanuel, un gardien d'école, et son épouse Shagufta Kausar, une employée de maison, étaient accusés d'avoir envoyé à un imam des textos portant atteinte au prophète Mahomet.

Selon la justice, le mari avait envoyé ce message controversé à partir du téléphone de sa femme, une thèse rejetée par le couple qui affirmait avoir perdu le portable en question au moment de l'envoi de ce texto par une tierce personne.

L'avocat du couple, Saif-ul-Malook, a annoncé jeudi qu'il avait été acquitté en appel par la Cour suprême de Lahore.
« Je suis très heureux que nous ayons pu obtenir la remise en liberté de ce couple qui fait partie des personnes les plus fragiles de notre société », a expliqué l'avocat, qui table sur une libération effective la semaine prochaine.
Le procureur de la Cour, Chaudhry Ghulam Mustafa, a confirmé l'information à l'AFP.

L'islam dans son interprétation stricte interdit toute représentation de Mahomet et la question du blasphème est particulièrement sensible au Pakistan, où elle transcende les frontières entre les partis et où même des allégations non prouvées d'offense faite à l'islam peuvent entraîner assassinats et lynchages.
La loi pakistanaise sur le blasphème, accusée par les libéraux d'être instrumentalisée pour régler des conflits personnels, mais défendue bec et ongles par les islamistes, prévoit la peine de mort pour les personnes dénigrant Mahomet.

En avril, le Parlement européen avait voté une motion condamnant le Pakistan pour manquer à son devoir de protection des minorités religieuses, dont les musulmans chiites, les chrétiens ou les Ahmadis.
Il demandait également une révision du statut de libre-échange qui prévoit des avantages commerciaux pour le Pakistan, dans le cadre d'un programme d'aide au développement économique, en échange d'avancées sur les droits humains et sociaux.
Le Parlement avait nommément évoqué le cas de Shafqat Emmanuel et de Shagufta Kausar, appelant à une révision « immédiate et sans condition » de leur condamnation.

Le couple vivait à Gojra, à l'ouest de Lahore, une ville ayant été le théâtre à l'été 2009 d'une attaque meurtrière d'un quartier chrétien par des musulmans en colère qui y avaient incendié 77 maisons, tuant au moins sept personnes, après des rumeurs faisant état de la profanation d'un exemplaire du Coran.

L'avocat du couple, Saif-ul-Malook, avait défendu la chrétienne Asia Bibi, qui avait passé plus de huit ans dans les couloirs de la mort pour blasphème avant d'être acquittée fin octobre 2018.
Menacée, Asia Bibi vit désormais au Canada avec sa famille.
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