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Pakistan. La peine de mort pour le riche héritier qui avait décapité sa compagne

dépêche de presse du 24 février 2022 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Pakistan
L'héritier d'une riche famille pakistanaise a été condamné, jeudi, à la peine de mort pour avoir violé et décapité sa compagne, un meurtre qui a jeté une lumière crue sur le sort des femmes brutalisées dans ce pays encore très patriarcal.

Zahir Jaffer, un riche héritier américano-pakistanais de 30 ans, a été condamné à mort jeudi pour le meurtre de sa petite amie. L'homme avait tué Noor Mukadam dans sa maison d'Islamabad en juillet 2021, après qu'elle a refusé sa proposition de mariage. Il l'avait d'abord plusieurs fois frappée avec un poing américain, puis l'avait décapitée à l'aide d'une «arme tranchante», selon la police.

La victime, Noor Mukadam, 27 ans, et fille d'un ancien ambassadeur, avait tenté à plusieurs reprises de s'échapper de la luxueuse demeure, mais deux membres du personnel domestique l'en ont empêchée. «Le principal accusé a reçu la peine de mort», a déclaré le juge Atta Rabbani, en prononçant le verdict devant un tribunal d'Islamabad.

Le père de Zahir Jaffer, un richissime patron d'industrie, et son épouse, qui étaient accusés d'avoir tenté de maquiller le crime, ont été acquittés. Les deux employés de maison ont été condamnés à dix ans de prison pour complicité de meurtre.
«Je suis satisfait que justice ait été rendue», a déclaré Shuakat Mukadam, le père de la victime, qui a servi comme ambassadeur du Pakistan en Corée du Sud et au Kazakhstan, tout en promettant de faire appel de l'acquittement des parents de Zahir Jaffer.

Le crime avait suscité l'indignation des défenseurs des droits des femmes, dans un pays où les violences à leur encontre sont monnaie courante. Des manifestations avaient eu lieu dans plusieurs villes, accompagnées d'appels à réformer la législation en la matière.
La violence de l'acte et l'implication de familles de l'élite avaient suscité des appels en faveur d'un verdict rapide, dans un pays où le système judiciaire est notoirement lent et où les dossiers criminels traînent souvent pendant des années. Selon le groupe d'aide juridique Asma Jahangir, le taux de condamnation pour les cas de violences envers les femmes n'atteint même pas les 3%.

Les victimes de violences sexuelles ou domestiques sont souvent trop apeurées pour dénoncer leurs agresseurs, et quand elles sont déposées, les plaintes débouchent rarement sur des enquêtes rigoureuses. Le verdict concernant Zahir Jaffer devra être confirmé par un autre tribunal, comme le stipule la loi pakistanaise dans les cas de condamnation à mort. Il pourra ensuite aussi déposer un appel.
Zahir Jaffer a été plusieurs fois expulsé du tribunal pendant le procès en raison de son comportement. Il a souvent été conduit devant la cour sur une civière ou dans un fauteuil roulant, et ses avocats ont affirmé qu'il n'était pas «stable mentalement». Le parquet y a vu une manœuvre pour tenter d'obtenir un report du procès.
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