Le Vietnam a réduit le nombre d'infractions passibles de la peine de mort, désormais au nombre de dix contre 18 précédemment, a rapporté mercredi la presse officielle.
Parmi les crimes qui ne seront plus passibles que de la réclusion à perpétuité figurent les «activités visant à renverser l'administration populaire», l'«espionnage» et la corruption passive, selon une loi adoptée par l'Assemblée nationale de ce pays communiste.
Les personnes déjà condamnées à mort en vertu de l'un des huit articles concernés ne seront pas exécutées, ont précisé les médias officiels.
Le nombre d'exécutions pratiquées au Vietnam est classé secret d'Etat mais Amnesty International affirme que la peine capitale a été appliquée en 2024.
En 2023, le Haut-commissariat aux droits de l'homme des Nations unies avait également souligné que le pays continuait d'appliquer la peine de mort, en grande partie en secret.
Truong My Lan sauvée
Les autres infractions concernent la fabrication et le commerce de médicaments contrefaits, le transport de drogues, le détournement de fonds, ou encore «le sabotage des infrastructures matérielles et techniques de l'Etat» et «le sabotage de la paix, la conduite de guerres d'agression».
«La structure actuelle de la peine capitale est problématique et, dans certains cas, n'est pas alignée avec des conditions socio-économiques qui ont évolué, et les réalités de la prévention de la criminalité», a expliqué le ministre de la Sécurité publique, Luong Tam Quang.
Pour les crimes cités, les tribunaux prononçaient en réalité la prison à perpétuité, a poursuivi le ministre de la Justice, Nguyen Hai Ninh.
«L'abolition de la peine de mort pour plusieurs infractions va aussi servir le travail de coopération internationale, surtout quand le Vietnam promeut des relations plus étroites sur la base de la confiance mutuelle», a poursuivi le responsable, dans des propos rapportés par la presse d'Etat.
Le pays communiste a condamné à mort plus de 150 personnes l'an dernier, à plus de 80% pour des infractions liées aux stupéfiants. Plus de 1200 personnes se trouvaient dans le couloir de la mort à la fin 2024, selon le rapport annuel d'Amnesty.
Le Vietnam appartient aux cinq pays de la région Asie-Pacifique qui ont procédé à des exécutions en 2024, avec la Chine, la Corée du Nord, l'Afghanistan et Singapour, a relevé l'ONG.
À noter que la femme d'affaires Truong My Lan, condamnée à mort pour avoir orchestré la plus importante fraude qu'ait connu le Vietnam, à hauteur de 27 milliards de dollars, ne risque plus d'être exécutée, du fait du changement de loi, a déclaré mercredi son avocat à l'AFP.