Un Tunisien a été condamné à la peine capitale pour avoir partagé sur Facebook des publications accusées de porter atteinte au président Kais Saied, ont affirmé vendredi son avocat et une ONG.
« Le verdict de peine de mort a été rendu mercredi au tribunal de Nabeul », dans le nord de la Tunisie, « et les publications ont été considérées comme portant atteinte au président, à la ministre de la Justice et à la justice », a dit à l'AFP Me Oussama Bouthelja.
Aucun détail n'était pour l'instant disponible sur la nature des publications incriminées.
Le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l'Homme en Tunisie (CRLDHT) a dénoncé cette condamnation, la qualifiant de « précédent très grave » et de « bévue monumentale » à l'encontre d'un « père de trois enfants ».
Pour l'ONG, l'affaire « trahit l'état critique de la justice en Tunisie, où un certain magistrat, dans sa quête de la satisfaction du régime, n'hésite pas à commettre des ignominies aussi ridicules que graves ».
Selon le CRLDHT, la ministre de la Justice a « vite » démis le président de la chambre de ses fonctions « face au scandale ».
Contacté par l'AFP, le porte-parole du tribunal était injoignable.
L'accusé, âgé de 51 ans et détenu depuis janvier 2024, a été condamné en vertu des articles 67 et 72 du Code pénal ainsi que du décret-loi 54 sur la diffusion de fausses informations, et « il a écopé de la peine maximale », selon son avocat.
L'article 72 punit les actes « ayant pour but de changer la forme du gouvernement ».
Son avocat a dit à l'AFP qu'il allait faire appel.
Si la justice tunisienne continue à prononcer régulièrement des condamnations à la peine capitale, notamment dans des affaires de terrorisme, un moratoire est appliqué de facto depuis 1991.
Depuis que le président s'est octroyé les pleins pouvoirs lors d'un coup de force en juillet 2021, des dizaines d'opposants, avocats, journalistes et militants de l'aide aux migrants sont emprisonnés, soit en vertu du décret 54, soit pour des motifs liés à la législation antiterroriste.