PEKIN - Une Chinoise qui, croyait-on, avait été assassinée dans les années 1980, est réapparue en chair et pas seulement en os, 16 ans après l'exécution de son meurtrier présumé. Lors du jugement, la justice avait affirmé que le malheureux Teng Xingshan avait «confessé son crime». Il a été exécuté en 1989, selon l'agence Chine nouvelle.
Cette information survient tout juste deux mois après une affaire presque similaire dans laquelle un homme avait avoué un meurtre imaginaire sous la torture. Il n'avait heureusement pas été condamné à la peine capitale et l'affaire avait suscité un débat tout à fait exceptionnel dans la presse locale contrôlée par les autorités. La Chine détient le record absolu quant au nombre de peines capitales prononcées et exécutées.
On ignore si dans l'autre cas, le malheureux condamné à mort a été torturé, note Chine Nouvelle. Teng avait été condamné pour le meurtre de Shi Xiaorong en avril 1987 après la découverte d'un cadavre démembré dans une ville de la province du Hunan dans le centre du pays. Les enquêteurs avaient conclu qu'il s'agissait de Mme Shi. Celle-ci a confié bien plus tard qu'elle avait disparu parce qu'elle avait été vendue comme épouse.
La police avait jugé prématurément quant à elle que Teng, boucher de son état, avait eu une histoire d'amour avec Mme Shi et qu'il l'avait tuée pour son argent. Or, selon Mme Shi, qui est actuellement emprisonnée pour trafic de drogue, ils ne se connaissaient même pas.
Mme Shi est réapparue dans sa ville de la province voisine de Guizhou en 1993. La famille du «meurtrier» a appris l'année suivante qu'elle était bien vivante mais il leur a fallu des années pour oser intenter une action car, selon Chine Nouvelle, «ils n'avaient pas l'argent ni le courage de poursuivre la justice jusqu'à il y a un mois.»
Selon le verdict de 1989, Teng avait «confessé son crime de sa propre initiative et ses aveux étaient conformes à l'enquête scientifique et à l'identification», rapporte l'agence de presse chinoise.
En avril dernier, un homme avait été libéré après 11 ans de réclusion dans la province voisine de Hubei après la réapparition de sa femme qu'il était censé avoir assassinée.
L'homme, She Xianglin, a expliqué qu'après la disparition de son épouse au milieu des années 1990, la police l'avait empêché de dormir pendant dix jours jusqu'à ce qu'il avoue. Il avait signé sa »déposition» sans même la lire. Après sa libération, un des enquêteurs qui, selon lui, avait fait pression sur lui, s'était suicidé alors que les autorités avaient ouvert une enquête.