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Ouzbékistan : des experts de l'ONU préoccupés par le procès sur les événements d'Andijan

communiqué de presse du 26 octobre 2005 - Commission des droits de l'homme de l'ONU
Pays :
peine de mort / Ouzbékistan
Quatre rapporteurs de la Commission des droits de l'homme ont exprimé aujourd'hui leur préoccupation face au déroulement du procès de 15 personnes devant le tribunal pénal de la Cour supérieure d'Ouzbékistan, accusées d'être les organisateurs des événements qui se sont produits dans la ville d'Andijan au mois de mai dernier.

Quatre rapporteurs spéciaux de la Commission des droits de l'homme ont rappelé qu'un rapport du Haut Commissariat aux droits de l'homme, daté de juin 2005, avait conclu que les forces militaires et de sécurité ont commis de graves violations des droits de l'homme pour contrôler des manifestations, indique un communiqué publié aujourd'hui à Genève.

L'acte d'accusation des procès en cours comprend les crimes de meurtre prémédité et de terrorisme, tous deux emportant la peine de mort, ajoute le communiqué.

Plus de 100 personnes sont encore détenues en rapport avec les événements d'Andijan et pourraient être poursuivies pour des accusations similaires, précise le communiqué.

Les rapporteurs spéciaux sont préoccupés par des allégations faisant état d'irrégularités dans la préparation du procès. Ils craignent aussi que la procédure concernant la défense ne permette pas d'assurer un procès équitable.

Ils craignent en outre que la définition du crime de terrorisme en droit interne ne soit pas conforme aux exigences des articles 6 et 15 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques s'agissant des crimes emportant la peine de mort. Ils craignent enfin que les aveux des accusés, dès le premier jour du procès, n'aient été obtenus par la torture.

Selon les informations parues dans la presse, les événements d'Andijan, le 13 mai dernier, ont commencé par manifestations pacifiques devant un tribunal qui jugeait 23 personnes accusées d'être des extrémistes islamiques. L'intervention d'hommes armés pour libérer ces personnes ont été suivies de manifestations de la population, y compris des femmes et des enfants, qui ont été violemment réprimées par les autorités ouzbèks, notamment en tirant sur les manifestants et en achevant les blessés, faisant plusieurs centaines de morts.

Les autorités ouzbèks, indiquant avoir réprimé une manifestation d'extrémistes islamiques utilisant la population comme bouclier, a estimé le nombre de morts à une dizaine.

Un groupe de 540 personnes a fui l'Ouzbékistan à la suite de ces événements pour se réfugier au Kirghizistan voisin, où ils ont été recueilli par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Les experts sont : Philip Alstonle rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Martin Scheinin, le rapporteur spécial sur les droits de l'homme et la lutte contre le terrorisme, Leandro Despouy, le rapporteur spécial sur l'indépendance des juges et des avocats,et Manfred Nowak, le rapporteur spécial sur la question de la torture.
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