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Quelque 20.000 condamnés attendent dans le "couloir de la mort" à travers le monde, selon Amnesty International

dépêche de presse du 19 avril 2006 - Associated Press - AP
LONDRES (AP) -- Plus de 2.000 personnes ont été exécutées dans 22 pays l'an dernier, et quelque 20.000 autres attendent dans le »couloir de la mort» à travers le monde, mais la tendance à l'abolition de la peine capitale continue de progresser, révèle Amnesty International dans un rapport publié jeudi.

En 2005, 2.148 exécutions au moins ont été pratiquées, contre 3.797 l'année précédente, précise l'organisation de défense des droits humains. «Les gouvernements ont entendu les arguments des abolitionnistes», sans compter la «reconnaissance» que la peine de mort est un «abus en matière de droits de l'Homme», observe le chercheur Piers Bannister, qui a participé à l'élaboration du rapport.

Selon le document, seuls 16 pays avaient aboli en 1977 la peine de mort de mort pour tous les crimes. A la fin de l'an dernier, le nombre de ces pays «abolitionnistes de droit» s'est élevé à 86, avec l'entrée dans ce cercle en cours d'année de deux Etats: le Mexique et le Liberia. Un groupe qui s'élargit à 122 Etats, si l'on prend en compte les 11 «pays abolitionnistes de droit pour tous les crimes de droit commun» et les 25 «pays abolitionnistes de fait», selon l'organisation.

A l'inverse, la peine de mort reste le châtiment suprême dans 74 pays, dont quatre constituent «une anomalie criante», pour Irene Khan, secrétaire générale d'Amnesty. Ainsi, la Chine, à elle seule, a pratiqué 80% des exécutions recensées dans le monde en 2005, tandis que 14% du total des exécutions ont été commises en Iran (94 exécutions), en Arabie saoudite (86) et aux Etats-Unis (60), selon le rapport.

Parallèlement, 5.186 personnes ont été condamnées à la peine capitale dans 53 pays l'an dernier, précise Amnesty, en observant cependant que nombre de ces chiffres sont approximatifs. La Chine refuse de divulguer l'ensemble des statistiques officielles sur les exécutions, tandis qu'au Vietnam, les informations relatives à la peine de mort sont classées «secret».

Si ces chiffres sont «choquants», selon Irene Khan, l'organisation note toutefois que le nombre de pays pratiquant des exécutions a été divisé par deux ces 20 dernières années, et a baissé en 2005 pour la quatrième année consécutive.

En Chine, rapporte Amnesty International, pas moins de 68 infractions pénales sont passibles de la peine de mort, dont le détournement de fonds ou les infractions à la législation des stupéfiants. En Arabie saoudite, des prisonniers ont été exécutés sans même savoir qu'ils étaient condamnés à mort; d'autres ont été jugés et condamnés à la peine capitale dans une langue qu'ils étaient incapables de parler ou de lire.

En l'état des informations de l'organisation, l'Iran a été le seul Etat à exécuter des mineurs délinquants en 2005. Au moins huit personnes -dont deux encore mineures- ont été tuées pour des infractions commises durant leur enfance.

Aux Etats-Unis, l'exécution des mineurs délinquants en revanche a été interdite l'an dernier, «l'une des étapes finales sur le chemin» qui mène à «l'abolition dans le monde entier de la peine de mort pour les enfants», observe Irene Khan.

Amnesty International dénonce par ailleurs des procédures inhumaines dans nombre d'Etats. Au Bélarus et en Ouzbékistan, ni les condamnés ni leurs proches ne sont prévenus de la date de l'exécution, et la famille n'est pas informée du lieu où se trouve le corps. L'organisation épingle aussi le Japon, rapportant que des personnes ont été condamnées à mort dans ce pays après avoir été maltraitées et avoir «avoué», sous la contrainte, des crimes qu'elles n'avaient pas commis.
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