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Japon: la potence au chômage durant un an, grâce à un ministre boudhiste

dépêche de presse du 26 septembre 2006 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Japon
TOKYO - Le ministre japonais de la Justice sortant Seiken Sugiura, un avocat boudhiste viscéralement opposé à la peine de mort, a résisté jusqu'au bout aux pressions de ses subordonnés pour qu'il ordonne au moins une exécution avant de partir, ont rapporté mardi les médias nippons.

Lors de son entrée en fonctions en octobre 2005, M. Sugiura avait déclenché une polémique en déclarant qu'il ne signerait jamais aucun ordre d'exécution, formalité indispensable pour envoyer un condamné à la potence.

Le ministre avait vite dû retirer ses propos après avoir été réprimandé par le Premier ministre Junichiro Koizumi. Nonobstant, il s'est abstenu de signer le moindre arrêt de mort au cours des onze mois qu'il a passé au ministère. La dernière exécution remonte à septembre 2005, un mois avant son arrivée.

Au total, 90 condamnés ayant épuisé toutes les voies de recours attendent actuellement dans les couloirs de la mort du Japon. Selon l'agence de presse Kyodo, l'administration pénitentiaire prévoyait d'exécuter plusieurs d'entre eux ces derniers mois, mais elle a dû y renoncer faute de feu vert ministériel.

Toujours d'après Kyodo, les fonctionnaires du ministère ont même réduit la liste des condamnés qu'ils souhaitaient exécuter à un seul cas, celui de l'auteur d'un crime particulièrement odieux et solidement prouvé, dans l'espoir de convaincre M. Sugiura d'autoriser sa mise à mort. Ces fonctionnaires ont même ordonné au personnel de la prison de préparer le gibet.

Les dernières tentatives pour convaincre le ministre de signer l'ordre d'exécution de ce criminel non identifié remontent à jeudi et vendredi derniers, mais le ministre est resté inflexible, rapporte encore Kyodo.

Lors de sa conférence de presse d'adieux, mardi, M. Sugiura a refusé de confirmer ces informations.

Il a été remplacé par Jinen Nagase, un bureaucrate peu connu de 62 ans dont on ignore les convictions en matière de peine capitale, à laquelle l'opinion publique japonaise reste très majoritairement favorable, selon les sondages.

Un moratoire de facto sur les exécutions avait déjà été appliqué au Japon entre 1989 et 1993 par un ministre de la Justice abolitionniste.
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