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Peine capitale prévue en Indonésie pour les terroristes

dépêche de presse du 17 octobre 2002 - Reuters
Pays :
peine de mort / Indonésie
Thème :
BALI, Indonésie (Reuters) - L'Indonésie, pressée par la communauté internationale d'agir après les attentats de Bali du week-end dernier, a annoncé que le décret de lutte contre le terrorisme qu'elle s'apprête à promulguer prévoira l'application de la peine de mort.

"Selon ce décret, la peine maximale encourue sera la peine de mort", a déclaré le ministre de la Justice Yusril Ihza Mahendra à l'issue d'une réunion entre des parlementaires et la présidente indonésienne Megawati Sukarnoputri.

Cinq jours après ces attentats, qui ont fait plus de 180 morts, le ministre australien des Affaires étrangères Alexander Downer a appelé les ressortissants australiens présents en Indonésie à quitter le pays, expliquant qu'il avait reçu de nouvelles menaces concernant la sécurité des Occidentaux.

Le nombre d'Australiens tués lors de cette attaque, la pire depuis les attentats du 11 septembre, pourrait être de 119.

Le Foreign Office (ministère britannique des Affaires étrangères) a annoncé qu'il allait revoir ses conseils aux voyageurs "compte tenu de nouveaux renseignements", a expliqué une de ses porte-parole, sans préciser si la Grande-Bretagne avait reçu les mêmes informations que l'Australie.

Ces craintes ont été renforcées jeudi par un double attentat, à Zamboanga, aux Philippines, qui a tué six Philippins.

QUATRE PERSONNES INTERROGEES

Quatre personnes étaient interrogées jeudi par la police indonésienne dans le cadre de l'enquête sur ces attentats. Le porte-parole de la police nationale indonésienne a tenu à préciser que personne n'avait été inculpé: "Nous interrogions de façon intensive deux personnes. Elles sont quatre désormais".

Une équipe internationale d'enquêteurs travaille actuellement à la recherche de preuves d'un lien entre plusieurs groupes islamistes indonésiens et étrangers et l'attaque qui a tué 180 personnes à Bali dans la nuit de samedi à dimanche.

Le porte-parole adjoint de la police nationale indonésienne Edward Aritonang a d'ailleurs annoncé jeudi qu'un haut responsable de la police très respecté par les Occidentaux pour son indépendance et son efficacité avait été nommé à la tête de cette équipe d'investigation.

Made Mangku Pastika, qui s'est fait connaître l'année dernière pour avoir élucidé le meurtre, impliquant l'armée, d'un indépendantiste papou, "coordonnera les enquêtes", a précisé Aristonang.

L'Indonésie, pays où vit la plus grande communauté musulmane au monde, a été très longtemps critiqué par ses voisins et par les Etats-Unis pour ne pas s'être suffisamment impliqué dans la "guerre contre le terrorisme". Les attentats de Bali semblent cependant avoir entraîné un virage de la politique de Djakarta en la matière.

A tel point que de nombreuses organisations de défense des droits de l'homme ont fait part de leur préoccupation quant au décrêt présidentiel, qui pourrait être promulgué dès vendredi.

JON HOWARD A BALI

Mahendra a donc cherché à rassurer, en affirmant que le texte ne ressemblerait pas aux lois musclées de l'ancien président Suharto. Il a toutefois refusé de révéler son contenu.

Aucune organisation n'a pour l'heure revendiqué l'attentat mais les autorités indonésiennes et américaines soupçonnent fortement la nébuleuse islamique Al Qaïda, et une de ses émanations régionales, la Jemaah Islamiah, d'être à l'origine de l'attaque.

Mercredi, un responsable américain a affirmé que Washington avait auparavant averti Djakarta du risque d'attentats contre les touristes en Indonésie. Mais ces avertissements ne contenaient vraisemblablement que peu de détails.

Selon un spécialiste d'Al Qaïda, un Saoudien aurait par ailleurs apporté des fonds au Jemaah Islamiah pour qu'il achète des explosifs qui auraient pu être utilisés à Bali.

Le Premier ministre australien Jon Howard s'est rendu à Bali jeudi pour participer à un hommage aux victimes, et pour tenter d'apaiser la colère des familles auxquelles on a annoncé que l'identification et le rapatriement des corps pourrait prendre des semaines.  
(Par Joanne Collins)
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