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L'Afrique tend à abolir la peine de mort

dépêche de presse du 20 septembre 2007 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Gabon
LIBREVILLE (AFP) — L'Afrique tend, comme le reste du monde, à abolir la peine capitale, dans les textes ou dans les faits, mais des pays y exécutent encore des condamnés à mort de façon expéditive et parfois secrète.

Le Gabon vient de rejoindre le groupe des pays africains qui ont décidé l'abolition. Lorsque son Parlement aura entériné la décision adoptée le 14 septembre en Conseil des ministres, il deviendra le 15e pays africain à avoir renoncé à la punition capitale, selon Amnesty International.

En juillet 2007, le Rwanda avait, lui aussi, aboli la peine de de mort.

Le premier à l'avoir fait fut le Cap Vert, en 1981, suivi en 1992 d'un autre pays lusophone, l'Angola.

Du Sénégal au Liberia et à la Côte d'Ivoire, de l'Afrique du Sud au Mozambique et à Djibouti, le courant abolitionniste n'est pas marqué par des localisations géographiques. Chaque pays a ses raisons.

Ce sont parfois les changements radicaux de régime. Ainsi l'Afrique du Sud, où la peine capitale est abolie en juin 1995, un an après l'élection de Nelson Mandela.

Sous l'apartheid, 1.109 personnes furent exécutées de 1980 à 1989, selon le Centre pour l'étude de la violence et la Réconciliation.

Dans le cas de Kigali, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), mis en place par l'ONU, exigeait l'abolition avant d'accepter de transférer à la justice rwandaise des personnes accusées de génocide.

On constate un fort mouvement abolitionniste dans les faits, plus que dans les textes. Ainsi une vingtaine de pays, où la peine capitale est théoriquement toujours en vigueur, n'ont plus "tué légalement" des condamnés depuis dix ans, voire vingt ans.

Au Maroc, les tribunaux prononcent encore des condamnations à la peine capitale, dans les crimes de droit commun et ceux liés au terrorisme. Mais la dernière exécution, celle d'un commissaire de police condamné pour de multiples viols de femmes, remonte à 1994.

Certains pays n'appliquent plus la peine de mort depuis plus de 20 ans: Mali, Guinée, Burkina Faso, Mauritanie, Cameroun, Congo, Centrafrique Madagascar, Kenya...

Les pays secoués par des rébellions maintiennent la peine capitale. Mais en République démocratique du Congo (RDC), elle n'est plus appliquée depuis le début de la transition politique, en 2003. Même si elle est encore régulièrement prononcée.

Autre particularité, la distinction entre crimes de droit commun et d'Etat. La Guinée-Bissau, par exemple, n'applique plus la peine de mort pour les crimes de droit commun depuis 1985, mais, depuis, une dizaine de personnes ont été exécutées pour leur implication dans des tentatives de coup d'Etat.

Les mouvements de la société civile contre la peine capitale sont peu entendus. Parfois, la "vox populi" en réclame même le rétablissement, comme en Afrique du Sud, en raison de la montée de la criminalité. Mais l'abolition semble irréversible.

Reste une dizaine de pays qui exécutent toujours, régulièrement, parfois en nombre comme le Soudan qui, selon Amnesty, a exécuté 65 personnes en 2006.

Certains sont de petits pays, rarement à l'affiche, comme la Guinée équatoriale ou le Botswana. Souvent, il s'agit de régimes autocratiques, comme le Tchad, la Libye, l'Ethiopie, le Zimbabwe, l'Erythrée.

En Erythrée, au régime très secret, ce sont les cours martiales qui prononcent les peines, et aucun chiffre n'est publié.

Un autre pays se distingue: la Somalie, déchirée par une guerre civile interminable. Les exécutions y sont sommaires, extra-judiciaires. Et il existe toujours des zones grises du continent (est de la RDC, Darfour, Centrafrique, Somalie...) où il n'est même pas question de débattre ou non d'une abolition. On y exécute, la plupart du temps des civils, en toute impunité.
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