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Exécutions à Cuba: la fin d'un moratoire de trois ans

dépêche de presse du 14 avril 2003 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Cuba
LA HAVANE (AFP) - L'exécution sommaire des auteurs du détournement d'un ferry marque le rétablissement de la peine de mort à Cuba après trois ans de moratoire de fait de la peine capitale, illustrant le raidissement du régime.
Ces éxécutions interviennent alors même que la Commission des droits de l'homme (CDH) de l'ONU doit se prononcer cette semaine sur la situation dans l'île.
Les trois principaux responsables du détournement, le 2 avril dernier, d'une embarcation qui assurait la navette entre divers quartiers de la baie de La Havane avec quelque 40 passagers à bord, ont été exécutés vendredi, quelques heures à peine après avoir été condamnés, selon un bref communiqué officiel radiotélévisé.

Les sentences contre Lorenzo Enrique Copeyo Castillo, Bárbaro Leodán Sevilla García et Jorge Luis Martínez Isaac ont été ratifiées par le Tribunal Suprême et "analysées par le Conseil d'Etat" (dont Fidel Castro est le président) en tenant en compte de "la gravité des faits pour la sécurité du pays", selon le gouvernement.

Ces exécutions interviennent à l'issue d'une semaine où de lourdes condamnations, allant de 6 à 28 ans de prison ont été infligées contre 75 dissidents et alors que depuis avril 2000, la justice cubaine ne pratiquait plus la peine de mort, malgré la présence de dizaines de condamnés à la peine capitale dans les prisons cubaines.

Pour un des leaders de la dissidence cubaine épargné par la récente vague de répression, Elizardo Sanchez, qui dirige la Commission cubaine des droits de l'homme et la réconciliation nationale (CCDHRN - illégale) "ces exécutions constituent des assassinats judiciaires".

"C'est une régression lamentable par rapport au moratoire de fait d'avril 2000 qui avait suspendu l'application de la peine de mort et en aucun cas la peine de mort ne se justifiait", a-t-il dit à l'AFP.

Selon le CCDHRN, il y aurait une cinquantaine de condamnés dans les couloirs de la mort cubains dont les salvadoriens Ernesto Cruz León et Otto René Rodríguez, condamnés à mort en mars 1999 pour avoir fait poser des bombes dans des hôtels cubains.

En mai 2000, le président du Tribunal Suprême cubain, Ruben Remigio Ferro, avait déclaré que Cuba envisageait l'élimination future de la peine de mort, tout en estimant que les "conditions de place assiégée de l'île, soumise en permanence au harcèlement et à l'hostilité des Etats-Unis" ne le permettaient pas "pour le moment".

Les exécutions ont provoqué de vives réactions au niveau international mais aussi dans l'île.

Ramona Copello, mère d'un des exécutés, Lorenzo Enrique Copello, a déclaré qu'"aucun" des hommes exécutés ne méritait de mourir. "Même si mon fils avait tué quelqu'un ou jeté quelqu'un à l'eau, il aurait du être châtié, mais en allant en prison, pas par la peine de mort" a-telle dit à la presse interationale, ajoutant "ne plus avoir confiance dans le Commandant (Fidel Castro)".

Pour sa part, le comité permanent de la conférence des évêques catholiques de Cuba a condamné les exécutions, indiquant que "la violence n'élimine pas la violence".

"Les faits violents qui se sont produits dans notre pays récemment et les condamnations à de longues peines de prison infligées à de nombreux opposants politiques sont un grave motif de préoccupation" ont déclaré les évêques cubains.

La Commission des droits de l'homme de l'Onu doit examiner cette semaine à Genève un projet de résolution sur Cuba présenté par quatre pays latino-américains (Uruguay, Pérou, Nicaragua et Costa Rica).

L'an dernier, une résolution au ton très modéré, de condamnation et d'encouragement, avait été adoptée à une courte majorité des 53 membres de la Commission. Ce texte invitait Cuba à "réaliser des progrès dans les droits civils et politiques, similaires à ceux accomplis dans le domaine social, malgré un environnement international défavorable".
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