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Soudan: dix rebelles du Darfour condamnés à la pendaison par un tribunal spécial

dépêche de presse du 15 avril 2009 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Soudan
KHARTOUM (AFP) — Dix rebelles du Darfour ont été condamnés à mort mercredi par un tribunal spécial soudanais après avoir été reconnus coupables d'avoir participé à une attaque contre Khartoum qui avait fait plus de 220 morts l'an dernier.

"Je vous condamne à la peine de mort par pendaison", a déclaré le juge Mutasim Tajisir de la Cour spéciale de Khartoum-Nord, précisant que les dix hommes avaient été reconnus coupables d'activités terroristes, de tentative de renverser le pouvoir par la force, de destruction de biens publics et de possession illégale d'armes.

"Dieu est grand. Le JEM est fort. La révolution, la révolution jusqu'à la victoire", ont scandé les condamnés, vêtus de la galabiya traditionnelle, en réponse au verdict.

Cinquante personnes avaient déjà été condamnées à mort par pendaison après avoir été reconnues coupables d'avoir participé à l'assaut du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) contre Khartoum le 10 mai 2008.

Les rebelles du JEM, le plus puissant militairement des groupes rebelles du Darfour, région de l'ouest du Soudan en guerre civile depuis 2003, avaient alors lancé une attaque sur Omdurman, ville jumelle de Khartoum, avec l'objectif de marcher sur la capitale. Ils avaient été repoussés par les forces de sécurité à l'issue de violents combats.

Un tribunal spécial a été créé à Khartoum-Nord pour juger les personnes arrêtées dans la rafle ayant suivi l'assaut. Le juge Mutasim Tajisir a donné une semaine aux dix hommes pour interjeter appel de leur condamnation à mort et a relâché trois autres hommes qui étaient aussi accusés dans cette affaire.

Pour être appliqués, les verdicts doivent être confirmés en appel puis par la plus haute juridiction soudanaise, avant d'être signés par le président Omar el-Béchir. Les condamnés attendent la décision d'appel en prison. Aucun des 60 hommes condamnés au total n'a encore été pendu.

La décision de mercredi est la première depuis un accord conclu à Doha (Qatar), en février, entre les rebelles du JEM et le gouvernement soudanais. Ce texte ouvrait la voie à un dialogue devant mener à une conférence de paix sur le Darfour et prévoyait un échange de prisonniers entre les rebelles et le gouvernement.

La condamnation de mercredi "est une violation flagrante de l'accord de Doha où le régime a reconnu que ces hommes condamnés étaient en fait des prisonniers de guerre qui doivent être échangés", a déclaré à l'AFP Ahmed Hussein, porte-parole du JEM.

"Il s'agit d'une autre preuve que le système judiciaire du régime n'est pas indépendant", a-t-il ajouté.

Le JEM avait affirmé en mars qu'il se retirait de l'accord de Doha si le gouvernement soudanais ne revenait pas sur sa décision d'expulser 13 ONG internationales actives au Darfour.

Cette mesure avait été décidée par le Soudan en réponse au mandat d'arrêt lancé contre lui par le Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour.

Le conflit au Darfour, où s'affrontent forces gouvernementales appuyées par des milices arabes et mouvements rebelles, a fait jusqu'à 300.000 morts, selon l'ONU, quelque 10.000 selon Khartoum.
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