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Soudan: évasion d'islamistes condamnés à mort pour le meurtre d'un Américain

dépêche de presse du 11 juin 2010 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Soudan
KHARTOUM — Quatre islamistes soudanais condamnés à la pendaison pour le meurtre en 2008 d'un diplomate américain se sont évadés de leur prison à Khartoum et ont échangé des tirs avec la police lors de leur cavale, ont indiqué vendredi des sources policières.

"Les quatre hommes se sont évadés hier (jeudi) de la prison de Kober", située dans le quartier de Khartoum-Nord, a dit à l'AFP une source policière sous le couvert de l'anonymat, une information confirmée officiellement en fin de journée par le ministère de l'Intérieur.

Le diplomate américain John Granville, âgé de 33 ans et qui travaillait à l'Agence américaine pour le développement international (USAID), ainsi que son chauffeur, Abdel Rahman Abbas (40 ans), avaient été tués par balle dans leur voiture le 1er janvier 2008.

La cour avait reconnu coupables en juin 2009 quatre jeunes islamistes -Mohamed Mukawi, AbdelBassit Hajj al-Hassan, Mohaned Osman Youssef, AbdelRaouf Abou Zeid Mohammed Hamza-, les condamnant à la pendaison.

Une cinquième personne, Mourad AbdelRahman Abdallah, avait été condamnée à deux ans de prison pour avoir fourni l'arme du crime. Ce dernier a été libéré l'an dernier.

"Les quatre hommes se sont évadés. Les autorités nous ont assuré qu'ils allaient continuer à les rechercher", a dit à l'AFP Adil Abdelghani, avocat soudanais de la famille de John Granville.

Les quatre fugitifs ont échangé des tirs vendredi matin avec la police lors d'un contrôle, ont indiqué en fin de journée les autorités soudanaises.

"Il y a eu un échange de tirs au barrage de Abu Halif, au sud-ouest d'Omdurman (ville jumelle de Khartoum). Nous les avons suivis et avons réussi à mettre la main sur le chauffeur du véhicule des fugitifs", a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la police de Khartoum, le général Mohammed Abdel Majid al-Tayeb.

Le chauffeur ne fait pas partie des quatre condamnés qui ont réussi à prendre la fuite. "La police est toujours à leurs trousses", a affirmé ce responsable de la sécurité dans l'agglomération de la capitale soudanaise.

Au Soudan, la famille d'une victime de meurtre doit dire à la cour si elle accorde l'amnistie aux condamnés, demande compensation ou exige la peine de mort.

Dans une lettre authentifiée, traduite en arabe et lue à la cour en octobre 2009, la mère de John Granville avait demandé la peine de mort pour les quatre hommes.

Les autorités soudanaises n'ont pas donné de détails sur la traque des fugitifs dont l'un -AbdelRaouf Abou Zeid Mohammed Hamza - est le fils du leader du groupe soudanais Ansar al-Sunna, lié au wahhabisme, une forme stricte de l'islam prédominante en Arabie saoudite.

"Nous avons lu ces informations (sur l'évasion) et les analysons", a dit à l'AFP un porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Khartoum.

La prison de Kober héberge notamment des prisonniers politiques et de nombreux rebelles du Darfour, une région de l'ouest soudanais en proie à un conflit sanglant.

Deux influents journalistes du quotidien soudanais al-Intibaha avaient demandé cette semaine au président Omar el-Béchir d'accorder l'amnistie aux quatre meurtriers.
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