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Exécution au Liban de trois condamnés à mort après cinq ans de moratoire

dépêche de presse du 17 janvier 2004 - Associated Press - AP
Pays :
peine de mort / Liban
BEYROUTH (AP) - Malgré les protestations et dénonciations de la communauté internationale, trois condamnés à mort ont été exécutés samedi à l'aube au Liban, mettant ainsi un terme à cinq années de moratoire sur la peine capitale au pays du Cèdre.

L'Union européenne et nombre d'organisations de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International et la FIDH (Fédération internationale des droits de l'homme) avaient lancé des appels à la clémence. Des manifestations de protestation avaient été organisées au Liban, devant la prison et au Parlement.

Les trois hommes, un chrétien, un musulman chiite et un sunnite, ont été exécutés dans la cour de la prison de Roumieh, principal établissement pénitentiaire du pays, dans la banlieue de Beyrouth.

Ahmed Mansour a été pendu pour avoir abattu huit de ses collègues d'un service gouvernemental dans une fusillade en juillet 2002.

Badieh Hamadeh, qui avait tué trois soldats le même mois, et Remy Zaatar, condamné par un tribunal militaire pour le meurtre de deux collègues de la défense civile en juin 2002, ont été fusillés par un peloton d'exécution. Selon les responsables de la sécurité, ils ont refusé d'avoir les yeux bandés.

Les familles ont pu passer une demi-heure avec les condamnés vendredi soir, mais les l'exécutions se sont déroulées sans témoins, ni proches ni journalistes. Les condamnés ont également pu voir imams et prêtres avant leur exécution.

Le président Emile Lahoud, qui avait refusé de les grâcier, a en revanche communé vendredi six autres condamnations à mort en prison à des peines allant de 20 ans de travaux forcés à la réclusion à perpétuité.

La peine capitale est appliquée dans nombre de pays au Proche-Orient, mais le Liban faisait exception depuis cinq ans, l'ancien Premier ministre Salim Hoss ayant refusé de signer tous les ordres d'exécution, la peine de mort étant contraire à ses convictions. Au Liban, toute condamnation à mort doit être approuvée à la fois par le président, le Premier ministre et celui de la Justice.

Vendredi, l'UE avait fait part de sa «consternation» et exhorté le président Lahoud à modifier sa décision. Samedi, le porte-parole de la diplomatie française Hervé Ladsous a condamné ces exécutions, la peine capitale constituant «une atteinte à la dignité de l'être humain». «Ce châtiment est contraire à l'esprit de l'accord d'association signé entre l'Union européenne et le Liban en juin 2002, ajoute-t-il. Paris appelle Beyrouth à «ne pas procéder à d'autres exécutions et à reprendre le moratoire».
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