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L'Indonésie ne respecte pas les droits des condamnés à mort (Amnesty)

dépêche de presse du 15 octobre 2015 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Indonésie
Jakarta (AFP) - De nombreux étrangers condamnés à mort en Indonésie ont été privés de leurs droits fondamentaux et pour certains battus pour obtenir des aveux, accuse Amnesty International dans un rapport qui dénonce l'usage de la peine de mort dans les affaires de drogue.

Dans cette étude publiée jeudi, l'organisation de défense des droits de l'Homme affirme que des condamnés à mort se sont vu refuser une assistance juridique ou un accès à des interprètes pendant leurs procès et ont signé des documents juridiques dans une langue qu'ils ne connaissaient pas.

Intitulé "Flawed Justice" ("Justice défaillante"), le rapport énumère de nombreuses affaires où les droits des condamnés sont bafoués et met en avant celles impliquant des étrangers, dont beaucoup attendent leur exécution.

Environ 120 détenus sont dans les couloirs de la mort en Indonésie, dont au moins 35 étrangers, selon Amnesty. Figure parmi eux le Français Serge Atlaoui.

Douze des 14 détenus fusillés étaient étrangers, dont certains d'origine australienne, brésilienne ou néerlandaise.

Tous ont été exécutés pour des crimes liés au trafic de drogue conformément à une législation indonésienne très sévère dans le domaine.

Le ministère indonésien de la Justice s'est refusé à tout commentaire. Un porte-parole des Affaires étrangères, Arrmanatha Nasir, a de son côté assuré à l'AFP que "tous les droits des prisonniers avaient été respectés conformément aux lois en vigueur".

Ce que réfute le directeur-adjoint des campagnes d'Amnesty, Josef Benedict, pour qui le "rapport révèle une réalité très différente."

"Nous avons découvert des problèmes sérieux et endémiques au sein du système judiciaire indonésien", a-t-il dit à la presse à Jakarta.

Il a cité le cas d'un Pakistanais battu pendant trois jours jusqu'à ce qu'il avoue, à tel point qu'il a dû être opéré du rein et de l'estomac.

Dans une autre affaire, un Nigérian exécuté en avril avait été présenté à l'origine comme citoyen de la "République de Cordova".

Mary Jane Veloso, elle, a été assistée pendant son procès par un "traducteur" qui ne parlait pas sa langue. Amnesty cite en outre le cas d'un handicapé mental brésilien exécuté.

Selon l'organisation, l'Indonésie est l'un des six pays au monde appliquant la peine de mort dans les affaires de stupéfiants.

L'Indonésie a selon Amnesty exécuté 19 personnes depuis 2013, année où elle a repris les exécutions après sept ans d'interruption.

En avril dernier, l'exécution de deux Australiens, un Brésilien et quatre Nigérians dans des affaires de drogue avait provoqué une levée de boucliers, l'Australie allant jusqu'à rappeler temporairement son ambassadeur.
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