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Un tribunal pakistanais suspend l'exécution d'un handicapé mental

dépêche de presse du 19 septembre 2016 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Pakistan
La Cour suprême pakistanaise a suspendu lundi pour une semaine la pendaison imminente d'un homme reconnu comme malade mental par des médecins, et des défenseurs des droits de l'Homme ont réclamé l'annulation de ce châtiment.

"Un prisonnier malade mental qui devait être pendu ce (mardi) matin, a reçu un délai d'une semaine", a indiqué Justice Project Pakistan (JPP), un groupe de lutte pour les droits de l'Homme qui défend l'accusé.

Imdad Ali, la cinquantaine, condamné à mort pour le meurtre d'un dignitaire religieux en 2002, devait être pendu à l'aube. Il avait été diagnostiqué comme souffrant de schizophrénie paranoïaque. "Son exécution a été suspendue dans l'attente d'une audience prévue le 27 septembre, mais il pourrait être exécuté dès la semaine prochaine", a ajouté JPP.

Le groupe de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) avait prévenu lundi le Pakistan que cette exécution violerait ses obligations légales. HRW est opposé à la peine de mort quelles que soient les circonstances, a souligné son représentant au Pakistan, Saroop Ijaz.

"Mais dans ce cas, cela violerait en outre les engagements du Pakistan en matière de droit international," a souligné M. Ijaz, en référence à la Convention sur le droit des personnes handicapées qu'Islamabad a ratifiée en 2011. "Exécuter quelqu'un qui ne comprend pas le châtiment auquel il ou elle a été condamné est atroce et inutile sur le plan de la justice pénale", a-t-il ajouté.

De son côté, un psychiatre ayant suivi M. Ali pendant plusieurs années avant de le déclarer fou en 2012, s'est dit choqué par l'annonce de son exécution imminente. "Il est officiellement irresponsable", a souligné Tahir Feroze Khan. "J'ai été choqué d'apprendre que l'ordre avait été donné de l'exécuter."
Selon un rapport médical que l'AFP a pu consulter, M. Ali tient des propos incohérents, et souffre de paranoïa et de folie des grandeurs.

Malgré tout, la Haute cour de Lahore a rejeté le mois dernier une annulation de la peine en raison de sa maladie.
Le Pakistan a rétabli la peine de mort en réaction au pire attentat qu'ait connu le pays, un assaut des talibans contre une école dans le nord-ouest du pays en décembre 2014, qui a coûté la vie à plus de 150 personnes - en vaste majorité des enfants.

Plus de 400 personnes ont été exécutées depuis, selon un nouveau bilan établi par Reprieve, une ONG britannique de lutte contre la peine de mort. Seule une petite partie d'entre eux avait été condamnée pour des faits de terrorisme.

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