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Les exécutions par injection à nouveau sur la sellette aux Etats Unis

dépêche de presse du 16 décembre 2006 - Presse Canadienne
Pays :
peine de mort / Floride
Presse Canadienne - Exécutions suspendues en Floride, injections létales jugées inconstitutionnelles en Californie... Après la lente agonie d'un condamné à la peine capitale dont la mort a pris 34 minutes, deux fois le temps habituel, les exécutions par injection sont à nouveau sur la sellette aux Etats-Unis.

Le gouverneur de Floride Jeb Bush a suspendu vendredi toutes les exécutions dans son Etat après la mort d'un condamné causée par une aiguille enfoncée trop profondément. Le médecin légiste, le Dr William Hamilton, a expliqué que l'exécution mercredi d'Angel Nieves Diaz avait duré 34 minutes et nécessité une seconde dose de produits mortels, un événement rare. L'aiguille avait traversé la veine, et les produits ont été injectés dans ses tissus.

Diaz, 55 ans, a été condamné à mort pour le meurtre du gérant d'un bar à hôtesses de Miami lors d'un hold-up en 1979. Le médecin, qui a réalisé son autopsie, a refusé de dire s'il avait beaucoup souffert. "Je vais retarder les réponses concernant la douleur et les souffrances jusqu'à la fin de l'autopsie", a-t-il précisé, ajoutant que les résultats n'étaient pas définitifs et que d'autres examens pourraient prendre plusieurs semaines.

Dans le même temps, un juge fédéral de Californie, Jeremy Fogel, a estimé que les injections violaient le huitième amendement de la Constitution sur les traitements cruels et inhumains, et a prorogé un moratoire sur la peine capitale dans cet Etat.

Ce moratoire est en vigueur depuis février et l'annulation par M. Fogel de l'exécution de Michael Morales, condamné à mort pour viol et pour meurtre. La méthode d'injection létale "est cassée mais peut être réparée", a souligné le juge.

Le magistrat a découvert des preuves importantes que les six derniers hommes exécutés à la prison de San Quentin étaient peut-être conscients, car ils respiraient toujours lors de l'injection du produit mortel. Plus de 650 détenus attendent leur exécution dans le couloir de la mort en Californie.

L'exécution par injection -la méthode préférée dans 37 Etats américains- est sur la sellette depuis plusieurs mois aux Etats-Unis. Le mois dernier, un juge fédéral du Missouri a déclaré anticonstitutionnelle cette méthode. La Cour suprême autorise les exécutions, que ce soit par injection, pendaison, peloton d'exécution, chaise électrique et chambre à gaz. Mais elle ne se prononce pas sur la constitutionnalité d'une douleur intolérable.

En Floride, Jeb Bush a mis en place une commission d'enquête sur l'injection létale et a suspendu toutes les exécutions tant qu'elle n'aura pas remis son rapport définitif, d'ici le 1er mars. Au total, 374 détenus attendent dans le couloir de la mort dans l'Etat. Quatre exécutions y ont été menées cette année. Le nouveau gouverneur, Charlie Crist, prévoit de poursuivre le moratoire lorsqu'il prendra ses fonctions en janvier, selon sa porte-parole, Vivian Myrtetus.

Pour les adversaires de l'injection létale, le cocktail chimique de trois produits, un anesthésiant, un paralysant et un produit final produisant la mort par arrêt cardiaque, occulte la réalité de la souffrance du condamné à mort pendant la procédure.

En Floride, les exécutions durent habituellement moins de 15 minutes, avec le détenu rendu inconscient en trois à cinq minutes. Mais Angel Nieves Diaz a semblé bouger pendant 24 minutes, après la première injection, grimaçant, clignant des yeux, soufflant et tentant de parler. Conséquence de l'injection, il avait une brûlure chimique de 30 centimètres sur le bras droit et une autre de 25 centimètres sur le gauche, selon le Dr Hamilton.

"C'est une négligence totale de la part de l'Etat", a dénoncé son avocate, Suzanne Myers Keffler. "Lorsqu'il bougeait encore après la première injection de produits, ils auraient dû savoir qu'il y avait un problème et n'auraient pas dû poursuivre. Cela démontre un mépris total pour M. Diaz. C'est révoltant".

En mai dernier, l'exécution d'un détenu par injection avait pris près d'une heure et demie dans l'Ohio. Lorsque l'injection avait commencé, Joseph Clark, condamné pour une série d'attaques à main armée, avait affirmé "ça ne marche pas". Sa veine avait éclaté et il avait gémi pendant de longues minutes avant de s'éteindre.
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