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Fin d'un cauchemar de 48 ans pour un Canadien condamné à tort pour meurtre

dépêche de presse du 28 août 2007 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Canada
Thème :
Au terme d'un combat de près d'un demi-siècle pour blanchir son nom, un Canadien condamné pour meurtre en 1959, alors qu'il avait 14 ans, a finalement été acquitté mardi de ce crime, la justice concluant à une "erreur judiciaire".

"Pendant 48 ans, j'ai été considéré comme coupable. Je savais et ma famille aussi que je ne l'étais pas. (...) Je n'ai jamais pensé, même dans mes rêves les plus fous, que je verrais cela de mon vivant", a déclaré Steven Truscott, 62 ans. "C'est un rêve qui se réalise", a-t-il dit, souriant mais amer, lors d'une conférence de presse, pendant que sa femme et ses trois enfants - deux garçons et une fille - retenaient leurs larmes.

Dans une décision unanime, les cinq juges de la Cour d'appel de l'Ontario ont renversé la condamnation de Steven Truscott pour le meurtre d'une camarade de classe de 12 ans, Lynne Harper, dans une petite ville de cette province. "La Cour soutient unanimement que la condamnation de M. Truscott fut une erreur judiciaire et qu'elle doit être corrigée", ont indiqué dans leur jugement les juges de la plus haute instance judiciaire de l'Ontario. "La réponse appropriée dans ce cas est de prononcer son acquittement", ont-ils ajouté.

Le tribunal pouvait décider d'acquitter M. Truscott, de confirmer le verdict de culpabilité ou d'ordonner un nouveau procès.

M. Truscott doit ce nouveau verdict à l'examen de nouveaux éléments de preuve ayant trait à l'autopsie de la victime qui n'avaient pas été présentés lors du procès en 1959. John Penistan, le médecin-légiste de l'époque, avait estimé que la victime était décédée le 9 juin avant 20h00, moment où seul Steven Truscott pouvait l'avoir assassinée, avait alors conclu le ministère public. De nouvelles analyses présentées au tribunal ont toutefois démontré que ces conclusions, qui avaient été décisives dans le prononcé du verdict de culpabilité, étaient erronées. Ce rapport d'autopsie est "scientifiquement indéfendable", ont écrit les juges, estimant du coup que "le pilier de la preuve" du ministère public avait "disparu".

Le ministre de la Justice de l'Ontario, Michael Bryant, a exprimé "ses regrets" à Steven Truscott "au nom du gouvernement" et indiqué que "la Couronne (ministère public) ne ferait pas appel" de cette décision. Il a également indiqué qu'un magistrat avait été nommé pour décider si M. Truscott se verrait offrir ou non des compensations.

Pour Steven Truscott, qui a toujours clamé son innoncence, cette décision de la justice est l'aboutissement d'un long combat. Mais faute de preuves suffisantes, notamment génétiques, la Cour n'a pu conclure à son "innocence", comme le réclamaient ses avocats.

Steven Truscott avait été jugé coupable d'avoir violé et étranglé Lynne Harper. Bien qu'âgé de 14 ans à l'époque, il avait été condamné à la peine capitale par pendaison, devenant le plus jeune condamné à mort de l'histoire du Canada.
La sentence de mort prononcée contre l'adolescent avait provoqué une vive émotion au Canada et, devant le tollé, la peine avait été commuée en prison à perpétuité l'année suivante. Le jeune homme avait été libéré sous conditions en 1969. Son cas avait suscité un vif débat qui a fini par conduire les parlementaires canadiens à abolir la peine capitale en 1976.

Après avoir vécu des décennies dans l'anonymat, Steven Truscott avait réapparu en public en 2000, demandant une révision de son cas, qui avait fini par lui être accordée en 2004.
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