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Derniers repas bâclés pour les condamnés à mort au Texas

dépêche de presse du 22 février 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Texas
NEW YORK - Pour leur dernier repas, les condamnés à mort tentent parfois de recréer les menus de leur enfance mais manquent souvent d'imagination en se contentant d'un simple "cheeseburger", selon un ancien cuisinier de la prison du Texas qui tient le record américain des exécutions.

Dans son livre "Meals To Die For" ("Des repas à mourir") à paraître fin février, l'ancien détenu de la prison de Huntsville, Brian Price, donne une quarantaine de recettes réalisées lors de ses 14 ans passés dans la cuisine du pénitencier.

Le Texas a exécuté 313 personnes de 1982 à 2003, plaçant l'Etat en tête de tous les Etats américains appliquant la peine de mort, loin devant la Virginie ou l'Oklahoma. Huntsville est son principal "couloir de la mort".

Selon Price, qui a préparé quelque 200 "dernier repas" pour les condamnés, la plupart d'entre eux recherchent une nourriture apaisante ou familiale, du type ragoût de lentilles maison, plutôt que du caviar ou autres produits de luxe.

"Un homme m'avait demandé des haricots blancs", explique l'auteur à l'AFP, "sans doute un repas que lui préparait sa mère, pour se transporter dans une autre époque, dans un autre lieu, une heure et demie avant sa mort".

Le règlement limite grandement les possibilités: l'alcool et le tabac sont interdits, les familles n'ont pas le droit d'apporter de nourriture et il faut faire avec les contraintes budgétaires de la cuisine carcérale.

Les condamnés à mort obtiennent "rarement ce qu'ils demandent", regrette Price. "Quand ils demandaient du homard ou des crevettes, ils obtenaient ce qui s'en rapprochait le plus, à savoir un filet de poisson", se rappelle-t-il.

Pour obtenir sa dernière volonté, mieux vaut ne pas être trop exigeant et savoir se satisfaire d'un cheeseburger accompagné de frites, menu le plus populaire dans le "couloir de la mort" de Huntsville.

L'exemple le plus frappant, pour l'auteur, reste celui d'un Mexicain qui avait exigé 24 tacos... mais n'en a reçu que six, par manque de provisions.

Brian Price se souvient avec émotion du paysan qui avait demandé à l'aumonier de remercier le cuisinier pour ses excellentes fajitas ou du premier condamné à mort qui, juste avant d'être exécuté, avait pris le temps de lui écrire un mot pour le féliciter pour ses délicieuses côtelettes de veau.

Le livre de Price, un ferme opposant à la peine de mort, témoigne aussi de la fascination macabre que suscitent les derniers moments des condamnés aux Etats-Unis.

Les autorités judiciaires du Texas publiaient sur leur site internet le menus de ces repas, à l'occasion de chacune des exécutions, jusqu'à ce qu'elles soient forcées de les retirer, en décembre, à la suite de protestations. Ces informations continuent à circuler sur d'autres sites de l'internet.
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