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«Une mort douloureuse et humiliante»: l'ONU compare une nouvelle méthode d'exécution américaine à la torture

dépêche de presse du 16 janvier 2024 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Alabama
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit mardi «alarmé» par l'exécution imminente d'un condamné à mort aux États-Unis au moyen d'une nouvelle méthode, l'inhalation d'azote, estimant que cela pourrait constituer de la torture.

Dans ce type d'exécution, le décès est provoqué par hypoxie (raréfaction d'oxygène).

«Nous sommes alarmés par l'exécution imminente, aux États-Unis, de Kenneth Eugene Smith, au moyen d'une méthode nouvelle et non testée, l'hypoxie à l'azote», a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, lors d'un point de presse régulier à Genève.

Cela «pourrait constituer de la torture ou d'autres traitements cruels ou dégradants au regard du droit international», a-t-elle affirmé.

La porte-parole a souligné que le protocole d'exécution par hypoxie à l'azote de l'Alabama ne prévoit pas de sédation, alors que l'Association américaine vétérinaire (AVMA) recommande d'administrer un sédatif aux animaux, même de grande taille, lorsqu'ils sont euthanasiés de cette façon.

L'ONU demande aux autorités de l'État d'Alabama de suspendre l'exécution de M. Smith, prévue pour le 25 janvier, et Mme Shamdasani a fait part de son inquiétude quant au fait que les États du Mississippi et de l'Oklahoma avaient également approuvé cette méthode d'exécution.

Le 3 janvier, des rapporteurs de l'ONU avaient déjà fait part de leur inquiétude face à ce «premier essai» mondial d'exécution par hypoxie à l'azote, craignant qu'elle «n'entraîne une mort douloureuse et humiliante».

L'exécution de M. Smith par injection létale en novembre 2022 pour un meurtre sur commande commis en 1988 avait été annulée in extremis, les perfusions intraveineuses pour lui injecter la solution mortelle n'ayant pu être posées dans le temps légalement imparti.

Sa condamnation à mort avait suscité une controverse.

En 1988, un époux infidèle et endetté l'avait engagé, ainsi qu'un autre tueur à gages, pour abattre son épouse lors d'un faux cambriolage. Malgré le suicide du mari, la police était remontée jusqu'aux deux tueurs.

Kenneth Smith avait été condamné une première fois à la peine de mort mais le procès avait été annulé en appel. Lors de son second procès en 1996, il avait de nouveau été reconnu coupable de meurtre, mais les jurés s'étaient divisés sur la sentence: 11 sur 12 avaient recommandé une peine de prison à perpétuité.

Un juge avait ensuite imposé la peine capitale en passant outre leur avis, ce qui était légal à l'époque mais est aujourd'hui proscrit sur l'ensemble du territoire américain.

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