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Arabie saoudite : Amnesty dénonce un tribunal spécial pour les dissidents

dépêche de presse du 6 février 2020 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Arabie Saoudite
Thèmes :
Un tribunal pénal spécial est "utilisé" en Arabie saoudite pour "réduire au silence" les voix critiques du gouvernement au nom de la lutte antiterroriste et contre la cybercriminalité, dénonce jeudi l'ONG Amnesty International dans un rapport.

L'Arabie saoudite est régulièrement critiquée par les défenseurs des droits humains qui l'accusent de réprimer violemment opposants, militants - dont des femmes - et membres de la minorité chiite. Le royaume saoudien assure que son système judiciaire est indépendant.

"Le gouvernement saoudien utilise le Tribunal pénal spécial pour créer une fausse impression de légalité afin de masquer l'usage abusif qu'il fait de la loi de lutte contre le terrorisme dans le but de réduire ses détracteurs au silence", affirme Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International.

Dans un communiqué publié par l'ONG, elle estime que "chaque étape de la procédure judiciaire de ce tribunal est entachée de violations des droits humains". Elle évoque ainsi la "privation de l'accès à un avocat", la "détention au secret" ou encore l'emploi de la torture pour "extorquer" des aveux.

Contactées par l'AFP, les autorités saoudiennes n'étaient pas joignables dans l'immédiat.

Amnesty International dit avoir examiné pièces judiciaires, déclarations du gouvernement et textes de droit national dans le cadre de huit procès contre 68 chiites accusés d'avoir participé à des manifestations et 27 personnes poursuivies pour avoir défendu des droits humains.

L'ONG fustige des procès d'une "iniquité flagrante", avec des accusés déclarés coupables et parfois condamnés à mort "sur la base de chefs d'inculpation vagues" tels que "désobéissance au souverain" ou "incitation à troubler l'ordre public en appelant à des manifestations".

Elle cite notamment le cas de Mohammad al-Otaibi, condamné à 14 ans de prison pour avoir fondé l'Union pour les droits humains, qui fait face à de nouvelles accusations pour avoir communiqué avec des organisations internationales et tenté de demander l'asile politique.

Elle évoque également le cas de Salmane al-Awda, un religieux arrêté en septembre 2017 qui encourt la peine de mort après avoir appelé à la réconciliation entre l'Arabie saoudite et son adversaire du Golfe, le Qatar.

Sous l'impulsion du puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, l'Arabie saoudite s'est engagée dans un vaste plan de réformes économiques et sociales qui s'accompagne d'un assouplissement des restrictions imposées aux femmes et d'un accès plus facile au divertissement.

"Si le roi et le prince héritier veulent montrer qu'ils prennent les réformes au sérieux, ils doivent commencer par libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers d'opinion", estime Heba Morayef.
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