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La famille de Serge Atlaoui reste mobilisée

dépêche de presse du 1 mai 2020 - Agence mondiale d'information - AFP
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Cinq ans après avoir échappé de justesse à son exécution, le Lorrain condamné à mort en Indonésie reste emprisonné. Son épouse raconte son quotidien difficile.

«On est traumatisés, on a du mal à se replonger dans cette période», souffle Sabine Atlaoui: le 29 avril 2015, son mari Serge, condamné à la peine capitale en Indonésie pour trafic de drogue échappait in extremis à son exécution, mais il reste depuis incarcéré dans le couloir de la mort. Quand la fin avril approche, «on revit toute cette souffrance et cette cruauté». De cela, elle ne parle pas avec son mari, de dix ans son aîné. «On évite de s'infliger cette douleur», glisse cette secrétaire, employée en Moselle.

Serge Atlaoui avait été arrêté en 2005 lors du démantèlement d'un laboratoire clandestin d'ecstasy, dans la banlieue de Jakarta. Soudeur de profession, il soutenait n'avoir fait qu'installer des machines dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique. Ce travail au noir, il l'aurait accepté pour rembourser l'emprunt contracté pour s'offrir un pavillon. En 2007, il est condamné à mort, puis incarcéré sur l'île-prison de Nusakabangan. L'Indonésie a fait de la lutte contre les stupéfiants une priorité nationale. Les trafiquants y encourent de longues peines de prison, voire la peine capitale.

Après la condamnation de son mari, Sabine Atlaoui multiplie les démarches. Mais en 2014, le nouveau président indonésien Joko Widodo rejette toutes les demandes de grâce des condamnés à mort pour trafic de drogue. Et début 2015, Jakarta ordonne l'exécution de dix trafiquants étrangers, dont Serge Atlaoui. Une course contre la montre s'engage: des rassemblements de soutien sont organisés à Paris et Metz, des démarches diplomatiques menées discrètement. Puis Paris hausse le ton. «S'il est exécuté, il y aura des conséquences avec la France et l'Europe, parce que l'on ne peut pas accepter ce type d'exécutions», prévient le président François Hollande.

Visite suspendues

«Je suis un simple travailleur ayant réparé des machines. On m'a accusé d'être un chimiste. Ce que je demande, c'est une chance de prouver que je suis un homme bon et un bon père», plaide Serge Atlaoui devant un tribunal qui rejettera son recours. Son nom et celui d'une ressortissante philippine sont finalement rayés de la liste, quelques jours avant la date fatidique du 29 avril. Mais les huit autres condamnés seront passés par les armes. Serge Atlaoui a épuisé toutes les voies de recours et même si Jakarta a suspendu les exécutions depuis 2016, il reste condamné à mort. «Serge Atlaoui est un innocent dans le couloir de la mort», affirme son avocat Richard Sédillot qui défend bénévolement le Lorrain.

Le quotidien de Serge Atlaoui, qui suit l'actualité française, est rythmé par les lectures et les appels de sa famille. «C'est un lien indispensable pour qu'il se sente en vie, qu'il ne se laisse pas envahir par le couloir de la mort», souligne son épouse Sabine. Mais avec l'épidémie de Covid-19, «il n'a plus de visites, plus de livres, plus de nourriture de l'extérieur». Depuis 2005, elle se rend en Indonésie quand ses finances le permettent. Mais elle craint de devoir annuler son prochain voyage, prévu cet l'été avec leur fils conçu en prison en 2011.
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