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USA: la juge de la Cour suprême Ruth Bader Ginsburg soignée pour un cancer

dépêche de presse du 18 juillet 2020 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
Dustin Lee Honken Daniel Lewis Lee Wesley Ira Purkey
La juge progressiste et doyenne de la Cour suprême américaine Ruth Bader Ginsburg a annoncé vendredi être soignée depuis deux mois pour une rechute d'un cancer du foie, mais a indiqué qu'elle ne comptait pas quitter ses fonctions.

"J'ai souvent dit que je resterais membre de la Cour tant que je pourrais faire mon travail à plein temps. Je reste tout à fait capable de le faire", a expliqué la magistrate de 87 ans, dont l'état de santé est suivi de près par les démocrates et les militants de la gauche américaine.

"Je vais continuer mes séances bi-hebdomadaires de chimiothérapie pour tenir mon cancer à distance et je suis capable de maintenir mon activité quotidienne", a-t-elle souligné dans un communiqué.

Mme Bader Ginsburg, l'une des quatre juges progressistes sur les neuf de la Cour suprême, est devenue une championne de la cause des femmes, des minorités et de l'environnement depuis sa nomination en 1993 par Bill Clinton.

Elle a même gagné le surnom de "Notorious RBG", en référence au célèbre rappeur "Notorious BIG" assassiné en 1997.

"C'est une battante", a commenté Carl Tobias, professeur de droit à l'université de Richmond, saluant une magistrate "extrêmement indépendante, claire, talentueuse et visionnaire".

"Même si ses opinions ne l'emportent pas (au sein de la Cour), ses commentaires incisifs éventrent les arguments de la majorité et montrent comment des affaires similaires devraient être résolues à l'avenir", a-t-il expliqué.

Ses partisans craignent que sa démission ou son décès ancre encore davantage le temple du droit américain dans le camp conservateur.

Le président Donald Trump, qui brigue un second mandat en novembre, a nommé depuis 2017 deux juges conservateurs favorables au port d'arme et opposés à l'avortement.

La nomination d'un troisième donnerait aux républicains, selon Carl Tobias, "cinq votes solides sur la majorité des questions d'une importance vitale pour la démocratie américaine", alors que les juges sont nommés à vie.

- Sagesse et engagement -

Comme à chaque fois que Ruth Bader Ginsburg révèle avoir un problème de santé, des responsables démocrates ont publié sur Twitter des messages de soutien.

"Continuez à vous battre, juge Ginsburg! Nous avons plus que jamais besoin de votre sagesse et de votre engagement pour l'égalité", a affirmé l'élu de l'Indiana André Carson, l'un des trois parlementaires musulmans au Congrès américain.

Selon Mme Bader Ginsburg, une biopsie effectuée en février a détecté des lésions au foie, qui n'ont pas pu être traitées par de l'immunothérapie.

Elle a débuté le 19 mai une chimiothérapie qui "produit des résultats positifs", a-t-elle indiqué. Un examen réalisé le 7 juillet a révélé "une réduction importante des lésions au foie et l'absence de nouvelle maladie".

La magistrate a assuré que son traitement n'avait pas perturbé son travail. "J'ai continué à écrire des opinions et mes autres activités à la Cour", a-t-elle expliqué, notamment en étudiant les multiples recours déposés cette semaine par les avocats et les proches de trois condamnés à mort.

Elle a aussi précisé que sa brève hospitalisation cette semaine n'était pas liée à son cancer.

La juge avait subi mardi une endoscopie pour "nettoyer une endoprothèse placée en août 2019 sur la voie biliaire", selon un communiqué de la Cour suprême.

Mme Bader Ginsburg a été plusieurs fois hospitalisée ces dernières années, notamment pour une infection liée à l'obstruction par un calcul du canal cystique en mai dernier.

En 2019, elle avait subi une opération pour retirer des nodules cancéreux au poumon et l'année précédente, cette femme fluette s'était fracturé des côtes lors d'une chute. Elle a également surmonté quatre cancers dans les années 1990.

Interrogé mardi soir sur sa dernière hospitalisation, Donald Trump, que "RBG" avait qualifié d'"imposteur" pendant la campagne électorale avant de regretter ses propos, lui avait souhaité un prompt rétablissement.

"J'espère qu'elle ira mieux, elle m'a en réalité donné quelques bonnes décisions", avait-il dit.

La Cour suprême lui a pourtant infligé plusieurs revers récemment, notamment en étendant les droits des salariés homosexuels et transgenres ou en invalidant sa décision d'annuler les protections accordées à près de 700.000 jeunes migrants.

A chaque fois, le chef de la Cour, le conservateur modéré John Roberts, et l'un des juges nommés par M. Trump, Neil Gorsuch, ont voté avec les progressistes.
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