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Cinq Irakiens condamnés pour "terrorisme" ont été exécutés

dépêche de presse du 9 février 2021 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Irak
Thème :
Cinq Irakiens condamnés à mort pour "terrorisme" ont été exécutés mardi dans la prison de Nassiriya (sud), ont indiqué des sources sécuritaires à l'AFP, une nouvelle série de peines capitales mises en œuvre dans l'un des pays qui exécute le plus au monde.

Pour ces cinq condamnés, la justice avait reçu un ordre d'exécution ratifié par la présidence. Cette signature est indispensable et a déjà été apposée sur plus de 340 condamnations pour "des faits criminels ou terroristes", selon des sources au sein de la présidence irakienne. Ces documents ont été signés depuis 2014, soit en quasi-totalité sous la présidence de Fouad Massoum, au pire de la percée du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Irak. Mais les ratifications ont continué sous le mandat entamé en 2018 de Barham Saleh, connu pour être à titre personnel contre la peine de mort.

Si l'Irak a procédé en 2019 à plus d'une exécution sur sept dans le monde - soit 100 condamnés pendus en un an -, de récentes attaques meurtrières de l'EI contre des civils ou des militaires ont suscité une vague d'indignation parmi les Irakiens.

"Vengeance"
Des dizaines d'entre eux ont déjà manifesté à Nassiriya pour réclamer davantage d'exécutions et la "vengeance" pour les familles des "martyrs" tués par des jihadistes.

Un attentat revendiqué par l'EI a fait 32 morts fin janvier sur un marché très fréquenté de Bagdad, provoquant un choc au sein d'une population habituée à une relative tranquillité depuis la défaite militaire du groupe jihadiste dans le pays fin 2017. Peu après, des attaques ont fait plus d'une dizaine de morts dans les rangs de l'armée au nord de Bagdad, exacerbant les émotions dans le pays.

Pour les défenseurs des droits humains, la peine de mort est "un outil politique" en Irak pour des dirigeants pris entre une opinion publique réclamant vengeance et des appareils politique, sécuritaire et judiciaire incapables d'arrêter les attentats.
Pour la Haute Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU Michelle Bachelet, il y a en Irak "de fréquentes violations des droits à un procès équitable, une représentation juridique inefficace, une trop grande confiance dans les aveux et de nombreuses accusations de torture et de mauvais traitements". Donc l'application de la peine de mort y relève plutôt "de la privation arbitraire de la vie par l'Etat", indiquait-elle fin 2020.

La communauté internationale avait mené campagne en novembre 2020 après l'exécution de 21 condamnés, quasiment tous pour "terrorisme", tentant de faire cesser la machine de mort en Irak.

L'AFP a eu connaissance d'une trentaine d'exécutions en 2020. L'Irak est le quatrième pays qui exécute le plus au monde derrière la Chine, l'Iran et l'Arabie saoudite, selon Amnesty International. Depuis plusieurs années, les tribunaux irakiens ont ordonné des centaines de peines capitales et de condamnations à perpétuité car le Code pénal prévoit une sentence jusqu'à la mort pour quiconque a rejoint "un groupe terroriste", que l'accusé ait combattu ou non dans ses rangs. Jusqu'ici, aucun des étrangers de l'EI condamnés à mort en Irak n'a été pendu mais onze Français et un Belge attendent actuellement leur exécution.

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