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L'Iran continue d'exécuter "obsessionnellement", dénoncent des ONG

dépêche de presse du 30 mars 2021 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Iran
La République islamique d'Iran continue d'exécuter "obsessionnellement" des condamnés à mort en dépit d'une nette baisse du soutien de la population à la peine capitale, selon les auteurs d'un rapport publié mardi.

En 2020, l'Iran a exécuté au moins 267 condamnés à mort, dont quatre pour des crimes commis alors qu'ils étaient mineurs et 9 femmes, selon ce rapport publié par les ONG Ensemble contre la peine de mort (ECPM) et Iran Human Rights (IHR).

Ce nombre confirme la tendance de baisse des exécutions depuis le pic atteint en 2015 (au moins 972 exécutions cette année-là), et il s'agit du plus faible nombre d'exécutions annuelles comptabilisées par ce rapport depuis sa première publication en 2008.

La baisse massive du nombre des exécutions observée depuis 2019 résulte essentiellement d'un assouplissement de la loi sur les crimes liés à la drogue.

Malgré cela, l'Iran reste le pays où le nombre des exécutions rapporté à la population est le plus élevé, a déclaré Raphaël Chenuil-Hazan, directeur d'EPCM, lors d'une conférence de presse en ligne.

En dépit de la situation "exceptionnelle" créée par la pandémie de Covid-19, "l'Iran a continué obsessionnellement d'exécuter des condamnés à mort", a estimé M. Chenuil-Hazan.

C'est le signe pour lui d'un "durcissement du régime (après les) manifestations populaires du mois de novembre" 2019, pour lesquelles plusieurs personnes ont été pendues en 2020.

En novembre 2019, l'annonce d'une hausse brutale du prix de l'essence avait provoqué une vague de contestation dans une centaine de villes, réprimée d'une main de fer (au moins 304 morts selon Amnesty International, les autorités avançant elles le chiffre de 230 morts dans des "émeutes"). M. Chenuil-Hazan note aussi un "raidissement contre toute voix discordante" comme en témoigne, selon le rapport l'exécution en 2020 du dissident Rouhollah Zam.

Mahmood Amiry-Moghaddam, d'IHR, a dénoncé "l'usage généralisé de la torture et des aveux extorqués par la force dans le système judiciaire iranien", affirmant que "la plupart des condamnations à mort se fondent sur de tels aveux". Le "soutien [populaire] à la peine de mort est en train de décliner en Iran, c'est certain", assure-t-il.

Le rapport en veut pour preuve le récent succès sur Twitter de la campagne "#Edam _nakonid" ("N'exécutez pas") en soutien à un condamné à mort dont le sort avait suscité une vague d'indignation internationale et la forte proportion de familles ayant accordé leur pardon à un condamné pour meurtre afin de lui éviter la pendaison (au moins 662 pardons pour 231 exécutions en 2020).
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