Plan du site

Zimbabwe: Tsvangirai, chef de l'opposition, acquitté par la Haute cour

dépêche de presse du 15 octobre 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Zimbabwe
HARARE - Le chef de l'opposition au Zimbabwe, Morgan Tsvangirai, qui était accusé de "trahison" pour "complot" en vue d'éliminer le président Robert Mugabe, a été acquitté vendredi par la Haute cour de justice du Zimbabwe.

L'accusation, en l'occurence l'Etat zimbabwéen, "n'a pas été capable de prouver la haute trahison avec certitude", a déclaré le président de la Haute cour de justice, Paddington Garwe, en prononçant le verdict.

Evoquant les "preuves" du principal témoin de l'accusation, Ari Ben Mensahe, personnage au passé trouble se présentant comme un ancien agent israélien devenu consultant politique à Montréal (Canada), le président Garwe a déclaré: "il est clair qu'elles doivent être traitées avec circonspection". L'accusation de "complot" contre Tsvangirai reposait sur une cassette vidéo de mauvaise qualité montrant des rencontres fin 2001 à Londres et à Montréal (Canada) entre le chef du MDC et Ben Menashe, dirigeant de la société Dickens and Madson.

Le président Garwe a noté que cette cassette était "floue et inaudible" et qu'elle ne permet pas de se faire une "idée complète de ce qui a été discuté". "Il est évident que nulle part dans cette vidéo-cassette il n'y a une demande directe de l'accusé (Tsvangirai) pour que Dickens and Madson assassine le président et arrange un coup (d'Etat)" au Zimbabwe, a estimé le président de la Haute cour.

Les forces de sécurité quadrillaient vendredi le centre de Harare. Des policiers anti-émeutes armés de fusils automatiques et de matraques entouraient la Haute cour, située en face du siège du gouvernement zimbabwéen, et des barrages routiers avaient été installés pour filtrer les accès à proximité du tribunal. Sur les 300 personnes massées devant la Cour pour pouvoir entrer dans la salle d'audience, seule une centaine y ont été admises, les 200 autres ayant été dispersées par les forces de sécurité.

Le procès de Morgan Tsvangirai, 52 ans, président du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) qui risquait la peine de mort, avait débuté le 3 février 2003 et s'était achevé le 26 février dernier. Tsvangirai a toujours nié les accusations de "complot" qui étaient portées contre lui.

Le chef de l'opposition et ses défenseurs avaient affirmé pendant le procès que Ben Menashe, dont le MDC avait loué les services pour faire sa promotion à l'étranger, avait été payé par le régime de Harare pour lui tendre un piège avant la présidentielle de mars 2002, remportée dans des conditions contestées par le président Mugabe. Au début du procès, Ari ben Menashe était venu pendant plus d'un mois témoigner devant la cour qu'il a souvent excédée par ses propos outranciers et insultants contre l'accusé, mais aussi contre les juges, et le président Garwe avait du le rappeler à l'ordre à plusieurs reprises.

Le verdict de ce procès était très attendu au Zimbabwe à l'approche des élections législatives de mars 2005 que le MDC a menacé de boycotter sans un minimum de garanties pour un scrutin "libre et équitable".
Partager…