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Singapour reporte l'exécution d'un homme handicapé, testé positif au Covid-19

dépêche de presse du 9 novembre 2021 - Agence mondiale d'information - AFP
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Un tribunal de Singapour a reporté mardi l'exécution imminente d'un Malaisien handicapé mental condamné pour trafic de drogue, après l'annulation d'une audience pour un appel, due à sa contamination par le Covid-19.

"Nous devons prononcer un report de l'exécution", a déclaré le juge Andrew Phang Boon Leong de la cour d'appel à la veille de la date prévue pour l'exécution par pendaison, sans préciser la durée du report.

Nagaenthran K. Dharmalingam, 33 ans, avait été arrêté en 2009 pour avoir transporté 43 grammes d'héroïne, l'équivalent de trois cuillères à soupe, à Singapour où il avait été condamné à mort l'année suivante.

La Haute cour du pays d'Asie du Sud-Est avait accepté lundi de suspendre son exécution en attendant le résultat d'un appel de dernière minute de ses avocats, qui estiment que sa pendaison serait inconstitutionnelle.

L'audience de l'appel avait été programmée dès mardi, la veille de l'exécution, mais elle a due être annulée après que le Malaisien a été testé positif au Covid-19, a annoncé le juge.

Il a justifié le report par la "logique, le bon sens et l'humanité".

"C'est une sorte de miracle", a déclaré la soeur du condamné Sarmila à l'AFP depuis la ville malaisienne d'Ipoh.

"Nous sommes heureux, assez soulagés". Mais elle a dit craindre que ce répit soit de courte durée.

Le Malaisien dans le couloir de la mort est apparu brièvement devant le tribunal mardi avant la suspension de l'audience et ne montrait pas de symptômes de la maladie.

L'avocat du condamné, M. Ravi, s'est dit "heureusement surpris que cet homme, à cause du Covid, ne puisse être exécuté".

Il a été "sauvé par la force divine, rien de moins", a-t-il observé.

Aucune indication n'a été donnée dans l'immédiat sur la date à laquelle l'appel pourrait être examiné.

Les soutiens du Malaisien soulignent qu'il a un QI de 69, un niveau correspondant à un handicap mental, et souffrait d'une addiction à l'alcool au moment du crime.

- protestations des défenseurs des droits -

Un groupe d'experts des droits humains des Nations unies a rejoint le concert de protestation lundi en soulignant que les personnes souffrant de handicaps mentaux ne devaient pas être exécutées.

"Avoir recours à ce type de peine pour lutter contre le trafic de drogue n'est pas seulement illégal au vu du droit international, mais aussi inefficace", ont-ils souligné.

L'Union européenne a appelé la cité-Etat à commuer la sentence en une peine d'emprisonnement, tandis que le Premier ministre malaisien Ismail Sabri Yaakob a écrit à son homologue singapourien pour lui demander de repousser l'exécution "pour des raisons humanitaires".

Des ONG, comme Amnesty International et Human Rights Watch, ont qualifié la condamnation à mort de "cruelle" et "ignoble" et une pétition en ligne contre l'exécution a rassemblé près de 70.000 signatures.

Si la pendaison est confirmée, cela sera la première exécution depuis 2019 dans le pays qui considère que la peine capitale est utile pour dissuader les criminels, malgré les pressions croissantes des défenseurs des droits en faveur de son abolition.

Nagaenthran K. Dharmalingam a été arrêté à l'âge de 21 ans avec 43 grammes d'héroïne attachées à sa cuisse quand il est entré sur le territoire singapourien, où la législation contre la drogue est très sévère.

Ses soutiens soulignent que ses capacités mentales ne lui permettaient pas de comprendre les conséquences de ses décisions et considèrent qu'il a été contraint à commettre ce crime.

Le ministère de l'Intérieur singapourien a estimé néanmoins que lors de son procès, M. Nagaenthran n'avait pas fait l'objet d'un diagnostic d'"anomalie mentale" et "savait ce qu'il faisait".

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