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Exécution imminente d'une Texane, malgré des doutes importants

dépêche de presse du 30 novembre 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
Thème :
Gersende Rambourg

Washington - Le Texas s'apprêtait à exécuter mercredi Frances Newton, 39 ans, qui serait la première femme mise à mort aux États-Unis depuis plus de deux ans, malgré de sérieuses interrogations sur son dossier en raison notamment d'une défense bâclée et d'une enquête indigente.

Dix femmes ont été exécutées, sur un total de 944 exécutions à ce jour, depuis le rétablissement de la peine de mort aux États-Unis en 1976.

La dernière exécution d'une femme a été celle très médiatisée d'Aileen Wuornos, en octobre 2002, une prostituée à la dérive accusée d'avoir tué plusieurs hommes dont l'odyssée macabre avait inspiré le film «Monster» l'an dernier, valant un Oscar à son interprète principale Charlize Theron.

Frances Newton a été condamnée pour le meurtre en avril 1987 de son mari et ses deux enfants, tués chacun d'une balle au domicile familial.

Lors du procès, l'accusation avait affirmé que Mme Newton avait tué toute sa famille pour récupérer 118 700 dollars (100 000 $US) d'assurance-vie, bien que son fils n'ait pas été couvert par cette assurance. L'accusée, qui clame vigoureusement son innocence depuis plus de 17 ans, avance qu'il pourrait s'agir d'un règlement de compte de la part d'un dealer, son mari ayant été un toxicomane de longue date.

La commission des grâces du Texas a recommandé mardi au gouverneur de cet État d'accorder un sursis de trois mois à Frances Newton. Il peut désormais suivre ou ignorer cette recommandation d'ici l'heure prévue de son exécution par injection létale, soit mercredi après 19h00(18h00 heure locale jeudi).

L'avocat David Dow, de l'organisation Réseau des innocents du Texas (TIN) qui travaille «activement» sur le dossier depuis la mi-septembre, avait déposé cette demande de sursis afin de mener un complément d'enquête.

Une cour d'appel fédérale examine également une requête de sursis, a-t-il précisé à l'AFP.

«Je ne suis pas optimiste, mais je garde espoir», a-t-il dit au téléphone.

Steve Hall, directeur de Standdown Texas, qui milite pour un moratoire des exécutions dans cet État champion de la peine de mort, redoute aussi que l'exécution se déroule mercredi comme prévu. «Dans la mesure où nous sommes au Texas, on peut s'y attendre», résume-t-il.

«Cette affaire, qui présente des contradictions troublantes, n'a jamais fait l'objet d'une enquête digne de ce nom», s'indigne-t-il, soulignant que l'avocat commis d'office lors du procès «est connu pour son inefficacité et a été sanctionné à plusieurs reprises par le barreau».

«Il se passe ici ce qui se passe souvent, à savoir que l'accusé n'a accès à un bon avocat qu'à la dernière minute» quand son exécution devient imminente, ce qui a permis de mettre en lumière des failles évidentes dans la procédure judiciaire, estime-t-il.

Plusieurs organisations comme l'ACLU ou la National Coalition to Abolish the Death Penalty (NCADP) sont également intervenues pour réclamer un sursis à l'exécution de Frances Newton.
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