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Indonésie. Condamné à mort, le Messin Atlaoui rentre à Paris, et maintenant?

dépêche de presse du 3 février 2025 - Agence mondiale d'information - AFP
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Serge Atlaoui, 61 ans, condamné à mort en Indonésie en 2007 pour trafic de drogue, doit s'envoler pour la France mardi, après 19 ans de prison, à l'issue d'un accord de transfèrement conclu fin janvier et espère retrouver la liberté. Depuis le 11 novembre 2005, jour de son interpellation près de Jakarta, le Messin rêve de cette journée, sans avoir jamais perdu espoir: mardi, à la mi-journée, il doit d'abord être extrait de sa cellule de la prison de Salemba, dans la capitale indonésienne. Puis un convoi le conduira vers l'aéroport Soekarno-Hatta d'où, pris en charge par des policiers français, il doit décoller en fin de journée pour Paris où il atterrira mercredi matin avant de retrouver son épouse Sabine.

«Il sera ensuite conduit à Bobigny et présenté au parquet puis placé en détention», a indiqué à l'AFP son avocat, Richard Sédillot. «Nous interviendrons devant le tribunal compétent qui statuera sur l'adaptation de la peine et nous demanderons qu'une adaptation permette sa mise en liberté», a encore indiqué l'avocat. Demandé officiellement le 4 novembre par la France dans une lettre du ministre de la Justice, le retour de M. Atlaoui a été rendu possible par la signature d'un accord le 24 janvier entre Gérald Darmanin, le garde des Sceaux, et Yusril Ihza Mahendra, ministre indonésien en charge des Affaires juridiques et des Droits humains.

530 condamnés à mort

Dans cet accord, Jakarta explique avoir décidé de «ne pas exécuter» le prisonnier et d'autoriser son retour pour «raisons humanitaires» car «il est malade». M. Atlaoui a en effet suivi chaque semaine un traitement, ces derniers temps, dans un hôpital proche de sa prison. Jakarta laisse également la liberté au gouvernement français d'accorder «sa clémence, une amnistie ou une réduction de peine» au seul Français actuellement condamné à mort dans l'archipel. M. Atlaoui avait été arrêté en 2005 dans une usine où des dizaines de kilos de drogue avaient été découverts, en banlieue de Jakarta, et les autorités l'avaient accusé d'être un «chimiste».

Venu de Metz, dans le nord-est de la France, cet artisan soudeur, père de quatre enfants, s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique. L'affaire avait fait grand bruit en Indonésie, où la législation antidrogue est l'une des plus sévères du monde. De nombreuses personnalités, dont la chanteuse franco-indonésienne Anggun, s'étaient mobilisées pour le soutenir. Initialement condamné à la prison à vie, il avait vu la Cour suprême alourdir la sentence et le condamner à la peine capitale en appel.

Un sursis après que Paris a intensifié la pression

Il devait être exécuté au côté de huit autres condamnés en 2015, mais a obtenu un sursis après que Paris a intensifié la pression, les autorités indonésiennes ayant accepté de laisser un appel en suspens suivre son cours. L'Indonésie compte actuellement au moins 530 condamnés dans le couloir de la mort, selon l'association de défense des droits Kontras, citant des données officielles. Parmi eux, plus de 90 étrangers, dont au moins une femme, selon le ministère de l'Immigration et des Services correctionnels. Une Philippine de 39 ans, Mary Jane Veloso, arrêtée en 2010 et également condamnée à la peine capitale pour trafic de drogue, a été transférée aux Philippines à la mi-décembre, après un accord entre les deux pays.

Un autre Français, Félix Dorfin, arrêté sur l'île touristique de Lombok, avait été condamné, au-delà des réquisitions, à la peine de mort en 2019, également pour un trafic de drogue qu'il a toujours nié. La sentence a ensuite été commuée en une peine de 19 années d'emprisonnement qu'il purge actuellement.
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