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Nigéria: Allègement d'une peine de condamnation à mort par lapidation

dépêche de presse du 19 août 2003 - IRIN - Réseaux d'Information Régionaux Intégrés
Pays :
peine de mort / Nigéria
LAGOS - Une cour d'appel musulmane de l'Etat de Jigawa, au Nord du Nigeria, a commué une condamnation à mort par lapidation pour viol, et a ordonné à la place que le prévenu soit envoyé dans un hôpital psychiatrique.

Sarimu Mohammed Baranda, âgé de 54 ans, avait été accusé du viol d'une enfant de 9 ans par une petite instance du tribunal de la Shari'ah en mai 2002. Cependant, sa famille a interjeté appel à la dernière minute, juste avant la fin du délai imparti à l'appel, plaidant la démence.

Baranda a par la suite expliqué à la cour que les aveux, qui avaient constitué le base de son inculpation, avaient été arrachés sous la torture par la police. Il a également ajouté qu'il ignorait à cette période, que la mort était la sanction appliquée au type de délit dont il était accusé.

Les 4 membres de la commission d'appel siégeant à Dutse, capitale de l'Etat de Jigawa, ont accédé à sa requête.

"Après la révision de toutes les preuves en présence dans ce cas, nous avons levé le verdict de culpabilité décrété plus tôt par la cour de petite instance," a déclaré le Président du tribunal Isa Inua Ali, en rendant le jugement unanime de la cour.

Baranda devait être confié à un asile psychiatrique, situé à 80 kilomètres de Dutse, jusqu'à ce que le Gouverneur d'Etat ordonne sa libération au bout d'un certain temps, stipulait le jugement.

Sur le parvis du tribunal, l'avocat de la Défense, Mohammed Gausu, a rapporté aux journalistes qu'il était satisfait du verdict. Cependant le procureur général, Muktari Abdullahi, a argué qu'il attendrait des instructions du gouvernement d'Etat pour savoir s'il devait en appeler à la cour fédérale d'appel - la prochaine dans la hiérarchie.

Baranda a exprimé sa joie d'avoir été acquitté de la condamnation à mort, par contre, il aurait préféré être renvoyé à la maison, où il pouvait toujours recevoir un traitement médical pour la démence au lieu d'être interné dans un hôpital psychiatrique.

En dehors de Baranda, 3 autres personnes sont également en cour d'appel, rejetant la condamnation à mort par lapidation décrétée par des tribunaux de la Shari'ah pour adultère, dans les parties à prédominance musulmane du Nord du Nigeria, où 12 Etats ont adopté le strict code juridique de l'Islam durant les 4 années écoulées.

Le cas de Amina Lawal, une mère de 32 ans qui avait été comdamnée à mort pour avoir eu un enfant hors mariage, a provoqué un tollé international des organisations des droits de l'Homme. Un couple dans l'Etat du Niger Delta a aussi interjeté appel dans une sentence similaire.

L'introduction de la Shari'ah a semé la division dans le paysage religieux de la population multiethnique du Nigeria composée de 120 millions d'habitants, renforçant une mutuelle suspicion entre les nombreux chrétiens et animistes du Sud, et les musulmans du Nord. Des milliers de personnes sont mortes dans des soulèvements dus à la tension provoquée par l'application de la Shari'ah.
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