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Les avocats du condamné à mort «Tookie» Williams vont plaider la grâce auprès d'Arnold Schwarzenegger

dépêche de presse du 8 décembre 2005 - Associated Press - AP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
SAN FRANCISCO - Stanley «Tookie» Williams est le pensionnaire des couloirs de la mort le plus connu des Etats-Unis. Fondateur du gang des Crips de Los Angeles, devenu depuis un ardent militant de la non-violence, il doit être exécuté la semaine prochaine pour avoir assassiné quatre personnes en 1979. Malgré une importante campagne de soutien, sa dernière chance de survie est la clémence du gouverneur.

Ses avocats doivent donc rencontrer Arnold Schwarzenegger pour demander la grâce pour l'ancien chef de gang, âgé de 51 ans, dont l'exécution est prévue pour le 13 décembre. Lui seul désormais peut commuer la peine capitale en détention à vie.

»Je n'y vais pas avec espoir. J'y vais mort de peur. Si nous échouons comme avocats, un homme meurt», a lancé l'avocat Peter Fleming Jr. Ceux qui veulent voir mourir «Tookie» Williams seront eux aussi reçus par le gouverneur, chaque camp ayant 30 minutes pour convaincre.

La semaine dernière, la Cour suprême de Californie a refusé de rouvrir l'affaire, au motif que l'expertise des légistes était douteuse. Les institutions fédérales, y compris la Cour suprême des Etats-Unis, se sont également prononcées contre Williams, condamné à mort en 1981.

Fleming a expliqué à la presse qu'il remettrait à Arnold Schwarzenegger une lettre personnelle du condamné, se refusant à en dire plus. «Sommes-nous un pays où il n'est plus possible de pardonner?», s'est-il demandé.

La clémence que réclament les avocats de «Tookie» Williams ne se base pas sur son innocence, mais sur sa rédemption. Parce qu'il milite depuis des années, du fond de sa prison et au travers de nombreux livres, pour convaincre les membres de gangs de renoncer à la violence.

L'ancien gangster, dont la mort est prévue pour lundi prochain, peu avant minuit, par injection létale, a notamment écrit dans la prison de Saint-Quentin une série de livres pour enfants afin de les éloigner des gangs et de la violence. Nombre de membres de gangs ont témoigné être revenus sur le droit chemin grâce à lui.

Williams, qui se dit innocent, a été condamné pour l'assassinat de Yen-I Yang, Tsai-Shai Chen Yang et Yu-Chin Yang Lin au cours du braquage du motel de Los Angeles géré par la famille, et celui d'Albert Owens, employé de supermarché abattu lors d'un autre hold-up à Whittier, Californie.

Plusieurs heures plus tard, un panel de professeurs d'université californiens ont nominé, pour la cinquième fois, «Tookie» Williams pour le Prix Nobel alternatif, pour ses efforts dans la lutte contre la violence des gangs.

Nombre de stars hollywoodiennes et autres personnalités du monde entier, ainsi que les adversaires de la peine de mort, se sont mobilisés pour qu'il ait la vie sauve, avec notamment une pétition en Italie signée par Bernardo Bertolucci et Claudia Cardinale.

Arnold Schwarzenegger, qui a refusé par deux fois d'accorder la vie sauve à des condamnés à mort, ne s'est jamais prononcé en public sur ce qu'il comptait faire concernant «Tookie» Williams, se contentant de dire que c'était un dossier sérieux qui méritait réflexion profonde.

Le dernier gouverneur de Californie à avoir eu recours à son droit de grâce pour les condamnés à mort fut Ronald Reagan, autre acteur devenu gouverneur. Il avait accordé la clémence à un assassin handicapé mental en 1967.

Mais la grâce reste un geste rare de la part des gouverneurs américains. Selon le centre d'information sur la peine de mort, seules 63 vies ont ainsi été sauvées depuis le rétablissement de la peine capitale en 1976, alors que plus d'un millier de condamnés ont été tués depuis lors.

Seul cas exceptionnel, les 167 condamnés à mort de l'Illinois dont les sentences ont été commuées en 2003, lorsque le gouverneur George Ryan, déstabilisé par des erreurs judiciaires ayant conduit à la mort d'innocents, a décidé de grâcier tous les pensionnaires des «couloirs de la mort» de son Etat avant de finir son mandat.

La Californie compte près de 650 condamnés à mort dans ses »couloirs de la mort», les plus peuplés du pays. Onze ont été tués depuis le rétablissement de la peine capitale dans l'Etat en 1977.
(par David Kravets)
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