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Le procureur a présenté un ordre d'exécution signé par Saddam Hussein

dépêche de presse du 28 février 2006 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Irak
Thèmes :
BAGDAD - Le procureur Jaafar al-Moussaoui a présenté mardi au tribunal la copie d'une lettre signée par Saddam Hussein qui approuve la condamnation à mort de 148 villageois chiites après l'attaque contre son cortège en 1982 à Doujaïl, au nord de Bagdad.

Lors de la 13è audience du Haut tribunal pénal l'avocat général a exhibé plusieurs documents à charge contre l'ancien dictateur et ses sept coaccusés, qui risquent la peine de mort mais plaident non coupable.

Le premier, signé par Sadam Hussein, daté du 27 mai 1984, envoie les 148 personnes arrêtées devant le tribunal civil d'al Saoura à Bagdad. le deuxième est le verdict du tribunal du 14 juin 1984, signé par le président Awad Hamad al Bandar, condamnant à mort les prévenus et confisquant leurs biens.

Un troisième document, daté du 16 juin 1984, est signé par Saddam Hussein qui approuve le jugement.

Parmi les documents présentés par le procureur figure également une missive de la présidence, datée du 12 mars 1985, envoyée aux ministères de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires sociales, signée Ahmad Hussein Khodeir, chef de cabinet du président, donnant copie d'une lettre du chef de l'Etat ordonnant l'exécution des 148 personnes.

Le procureur a ensuite présenté une lettre du chef des moukhabarat (service de sécurité) du 23 mars 1985 envoyée aux responsables de la prison d'Abou Ghraïb pour qu'ils exécutent immédiatement les 148 personnes.

Il a également montré une lettre des responsables de la prison, également datée du 23 mars et certifiant que les 148 condamnés ont été pendus, avec la liste des suppliciés, le nom des personnes ayant participé à l'exécution et le nom de Mahar Hana Mati, le médecin qui a constaté la mort.

Durant la présentation de ces documents, aucun des accusés n'a contesté leur authenticité. Saddam Hussein a seulement posé une question de détail.

"Ces hommes ont été condamnés à mort sans même assister à leur procès et sans, bien sûr, pouvoir se défendre", a lancé le procureur.

Le procureur a montré une lettre des moukhabarat, datée du 23 juin 1987, indiquant qu'en fait sur les 148 personnes condamnées à mort, 46 avaient été tuées durant les interrogatoires et que 4 avaient ont été ajoutées par erreur à la liste et exécutées. Pour cette erreur, le chef des moukhabarat a été condamné à trois ans de prison.

Il a précisé que parmi les 96 condamnés à mort, il y avait 10 mineurs. "Ces derniers ont été envoyés dans une prison de la région désertique de Samawa et ont été exécutés seulement en 1986", a indiqué le procureur lors d'une conférence de presse.

Selon lui, parmi les documents présentés "il y a quelques copies mais la majorité sont des originaux, trouvés après la chute du régime en 2003 dans les bureaux gouvernementaux". "Ils nous ont été transmis par les gens qui les ont découverts", a-t-il précisé.

L'audience a duré trois heures. Tous les prévenus étaient présents et n'ont fait aucune déclaration à leur arrivée.

Le président du tribunal, Raouf Rachid Abdel Rahmane, avait indiqué en début d'audience le rejet par la cour de sa demande de destitution présentée par la défense ainsi que celui d'une demande de report de l'audience demandée par l'avocat de l'ancien dictateur, Me Khalil Doulaïmi.

Deux avocats, Me Doulaïmi et Me Khamis al-Obeidi, ont quitté la salle et des défenseurs ont été commis d'office, ce qui a provoqué la colère du demi-frère de Saddam Hussein, Barzan al-Tikriti. De vifs échanges l'ont alors opposé au président du tribunal.

Le procès doit se poursuivre mercredi.
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