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Nigéria: la Charia nuit aux femmes et viole les droits humains

dépêche de presse du 20 août 2002 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Nigéria
Thèmes :
ABUJA (AFP) - Un haut conseiller à la Condition féminine du président nigérian Olusegun Obasanjo a estimé mardi que la Charia était injuste envers les femmes et a qualifié de violation des droits de l'Homme la condamnation à mort d'une Nigériane ayant conçu un enfant hors mariage.

"Ce verdict de la Cour islamique fait apparaître clairement que la Charia (loi islamique) est plein de préjugés contre les femmes et les punit injustement pour un acte entre deux personnes", a déclaré ce conseiller, Titi Ajanaku.

M. Ajanaku a également fait valoir que si elle était exécutée, la sentence - consistant à enterrer la condamnée jusqu'au cou avant de la lapider à mort - violerait les obligations du Nigeria aux termes des Chartes africaine et des Nations unies sur les droits de l'Homme.

Cette déclaration est la première réaction officielle de la présidence nigériane à la décision lundi de la Cour d'appel islamique de Funtua (nord), qui a confirmé un jugement de première instance condamnant une Nigériane de 30 ans, Amina Lawal, à être exécutée par lapidation pour adultère.

Le président lui-même n'a, pour l'instant, pas commenté ce verdict.

De son côté, le secrétaire d'Etat nigérian à la Justice, Musa Elayo, a parallèlement estimé mardi qu'il n'y avait "pas de raison de s'alarmer" de cette décision judiciaire.

"Même si la condamnation a été prononcée à Funtua (Etat de Katsina, nord), ce n'est pas la dernière juridiction, il en existe trois autres. Alors il n'y pas de raison de s'alarmer", a-t-il déclaré.

Le secrétaire d'Etat à la Justice, Musa Elayo, a assuré à l'AFP que les avocats du gouvernement assisteraient la défense d'Amina Lawal, 30 ans, lors de l'appel qu'elle compte interjeter devant une juridiction supérieure.

Ses avocats ont déposé un recours devant la Cour d'appel islamique de l'Etat de Katsina et pourrait porter l'affaire devant la Cour suprême du Nigeria.

Douze Etats du nord du Nigeria ont, depuis le retour d'un régime civil en 1999, remis en vigueur la Charia qui interdit la vente et la consommation d'alcool, punit sévèrement l'adultère et le vol, et prohibe la mixité dans les écoles et les transports publics.

Le Nigeria, où la laïcité est ancrée dans la Constitution, est le pays le plus peuplé d'Afrique avec 120 millions d'habitants, avec un nord peuplé majoritairement par les musulmans, et un sud où prédominent les chrétiens.

Des affrontements meurtriers entre communautés religieuses déchirent le pays depuis vingt ans. L'instauration de la charia dans le nord, qui compte environ 10% de chrétiens, a de nouveau dressé les communautés les unes contre les autres, provoquant des violences répétées et sanglantes.

Le cas Amina est la deuxième affaire dans laquelle une femme est condamnée à la lapidation pour adultère. En mars dernier, Safiya Husaini, avait finalement été acquittée pour vice de forme, après avoir été condamnée en 2001 à la mort par lapidation. Cette condamnation avait suscité un large mouvement de protestations dans le monde.
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