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Ottawa accepte de revoir la condamnation à mort de Wilbert Coffin en 1954

dépêche de presse du 11 octobre 2006 - Presse Canadienne
Pays :
peine de mort / Canada
MONTREAL - Cinquante ans après que Wilbert Coffin eut été pendu à la prison Bordeaux, de Montréal, pour un triple meurtre, le ministère fédéral de la Justice accepte finalement de rouvrir son dossier afin de vérifier s'il n'a pas été victime d'un mauvais verdict de culpabilité au terme de son procès criminel, en 1954.

L'examen du dossier de M. Coffin sera fait par le Groupe de révision des condamnations criminelles, qui est composé d'avocats qui assistent le ministre de la Justice. Le groupe se penchera sur la demande des proches de M. Coffin, mènera des enquêtes et fera des recommandations au ministre Vic Toews.

Fait inusité, ce sera la première fois que le groupe étudiera une demande pour laquelle le condamné est décédé.

Les enquêteurs, qui sont déjà au travail, doivent rencontrer la semaine prochaine Marie Stewart, la soeur de Wilbert Coffin.

Le porte-parole du Groupe de révision des condamnations criminelles, Kerry Scullion, a précisé que l'enquête pourrait mener à trois conclusions: le rejet de la demande, la suggestion de la soumettre à la Cour d'appel ou celle de tenir un nouveau procès.

Jamais dans l'histoire du Canada un pardon posthume n'a été accordé.

Plusieurs croient que Wilbert Coffin a été injustement pendu, le 10 février 1956, pour les meurtres de touristes américains. Il aurait servi de bouc émissaire afin de protéger l'industrie touristique de la Gaspésie qui cherchait à attirer des touristes des Etats-Unis et qui craignait d'être salie par une histoire de meurtres.

Rappelons qu'après une éclipse de 20 ans, le fils de Wilbert Coffin, Jimmy, s'est manifesté en août dernier afin de contribuer à la campagne visant à blanchir la réputation de son père. Jimmy Coffin, qui vit maintenant en Colombie-Britannique, a contacté en Gaspésie, par téléphone, Marie Stewart. Lors de la condamnation à mort de son père, il n'était âgé que de huit ans.

Au cours des derniers mois, Mme Stewart a recueilli quelques milliers de dollars lors de diverses campagnes de souscription tenues en Gaspésie afin de financer une révision judiciaire de la cause de son frère.

L'ex-sénateur Jacques Hébert, qui a écrit trois ouvrages dénonçant la condamnation à mort de Wilbert Coffin, se réjouit de la décision d'Ottawa de rouvrir le dossier.

"C'est sûr et certain qu'il est possible de faire la démonstration que Coffin a été condamné alors qu'il était innocent, a-t-il dit en entrevue, mercredi. Si on arrive à prouver ça, comme c'est à mon avis facile et possible (de le faire), alors ce sera grave, dans une société civilisée, d'avouer 50 ans plus tard qu'on a tué un innocent et ruiné sa famille."

M. Hébert a toujours maintenu que Coffin avait été le bouc émissaire du gouvernement de Maurice Duplessis, désireux de trouver un coupable pour protéger l'industrie touristique gaspésienne. L'un de ses livres sur le sujet a même provoqué la tenue d'une commission d'enquête à l'issue de laquelle le verdict a été maintenu et Jacques Hébert a été emprisonné pour outrage au tribunal.

En avril dernier, le député du Bloc québécois de la circonscription de Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine, Raynald Blais, avait déposé une pétition réclamant la réouverture du dossier Coffin.

Quant à la conjointe du condamné et mère de Jimmy Coffin, Marion Petrie, elle est morte il y a environ trois ans, à Toronto.

La peine de mort a été abolie au Canada en 1976.
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