Plan du site

Exécution d'un Pakistanais aux Etats-Unis, manifestations au Pakistan

dépêche de presse du 14 novembre 2002 - Agence mondiale d'information - AFP
Mir Aimal Kasi
WASHINGTON (AFP) - Mir Aimal Kansi, un Pakistanais condamné à mort pour le meurtre de deux agents de la CIA, devait être exécuté jeudi soir aux Etats-Unis, une exécution objet de plusieurs manifestations au Pakistan et faisant craindre à Washington des représailles terroristes.

L'exécution prévue par injection à 21h00 (02h00 GMT jeudi) à Jarratt (Virginie, sud-est), a provoqué jeudi de nouvelles protestations, notamment à Multan (centre du Pakistan) et Quetta (sud-ouest), ville natale du condamné où des centaines de personnes sont descendues dans la rue.

Portant des banderoles affirmant que "Bush est l'ennemi des musulmans" et "arrêtez toute ingérence dans les affaires internes du Pakistan", des centaines de manifestants s'étaient rassemblés à Multan.

A Quetta, la ville natale du condamné à mort, appartenant à la puissante tribu des Kansi, quelque 200 membres de ce groupe ont scandé "Mort à Bush" et brûlé un drapeau américain devant le club de la presse de la ville.

L'ambassade des Etats-Unis au Pakistan a demandé à ses ressortissants de redoubler de vigilance, et annoncé qu'elle fermerait tôt vendredi, tout comme les consulats américains à Peshawar, Lahore et Karachi.

Dans un communiqué, elle a mis en garde les Américains au Pakistan contre "une menace persistante d'actes de terrorisme qui peuvent viser des cibles civiles, particulièrement dans le contexte de l'exécution" de Mir Aimal Kansi.

Depuis sa prison, celui-ci a cependant lancé un appel au calme. "Je ne veux pas que quiconque attaque des Américains au Pakistan ou dans un autre pays musulman. Je n'encourage personne à attaquer qui que ce soit", a déclaré Kansi, 38 ans, à la chaîne de télévision NBC.

Seuls la Cour suprême des Etats-Unis et le gouverneur de Virginie, Etat où doivent avoir lieu l'exécution, pouvaient encore l'empêcher jeudi. La Cour suprême a été saisie d'un appel par les avocats du condamé, dénonçant les conditions de son arrestation par le FBI au Pakistan en 1997.

Le gouverneur de Virginie, Mark Warner, a reçu quant à lui une demande de grâce de la mère de Mir Aimal Kansi, appuyée par les autorités pakistanaises "pour raisons humanitaires".

Kansi avait été condamné à mort en novembre 1997 pour le meurtre de deux agents de la CIA, tués avec un fusil d'assaut AK-47 le 25 janvier 1993 devant le siège des services de renseignement américains à Langley (Virginie), à proximité de Washington.

Il avait tiré sur des voitures en stationnement. Trois autres personnes avaient été blessées. Kansi s'était enfui le lendemain pour le Pakistan, mais y avait été arrêté après une traque de plus de quatre ans par des agents du FBI et immédiatement placé dans un avion pour les Etats-Unis.

Il était furieux "contre les Etats-Unis, en particulier des agissements de la CIA dans des pays musulmans comme l'Irak", a expliqué à l'AFP Brad Garrett, agent du FBI qui avait à l'époque dirigé la recherche de Kansi.

"Il me l'avait expliqué dans le vol qui le ramenait du Pakistan", a ajouté M. Garrett, qui est depuis resté en contact avec le condamné, et devait assister jeudi soir à son exécution.

En raison des mises en garde des autorités, les mesures de sécurité avaient été renforcées jeudi en Virginie. "Nous prenons des précautions supplémentaires, notamment autour des prisons", a déclaré la porte-parole du gouverneur de Virginie, Ellen Qualls.
Partager…